(BFI) – Après avoir été suspendu de l’Initiative pour la transparence des industries extractives dès 2013 pour « manque de transparence notoire », Libreville fait son retour au sein l’organisation basée à Oslo en Norvège.
Le gouvernement a rempli son obligation de publier à temps un rapport sur les revenus tirés de l’extraction du pétrole et des minerais pour l’année 2021, une étape cruciale pour éviter la suspension des instances. Reste à valider ce rapport qui suscite la suspicion de la société civile qui pointe des zones d’ombre et doute des données publiées.
La ministre de l’Économie a personnellement réceptionné ce rapport lors d’une cérémonie dédiée. Nicole Jeanine Roboty Mbou estime que ce document est une preuve de transparence dans la gestion des revenus tirés des industries minières et pétrolières. « Nous voulons ainsi saluer la perspicacité de toute l’équipe qui a travaillé d’arrache-pied pour livrer ce premier rapport sur la transparence des industries extractives pour 2021 ».
Le document présente les données fournies par les sociétés minières et pétrolières comparées à celles de l’administration, le Trésor public notamment. L’objectif est de savoir s’il n’y a pas d’écart entre l’argent payé par les sociétés et les sommes perçues par l’administration. En 2013, Gabon avait été suspendu de l’Initiative pour la transparence des industries extractives pour « manque de transparence notoire. »
« Aujourd’hui, lorsque l’on compare les chiffres produits par l’industrie extractive et les chiffres enregistrés par l’État et donc par le Trésor public, assure la ministre de l’Économie gabonaise, nous avons une marge d’écart d’environ 17%. C’est louable pour un premier rapport. »
Présidente du groupe d’Intérêt ITIE rassemblant les agents de l’État et la société civile, Léontine Oyouomi Bibey se réjouit de la parfaite collaboration des sociétés extractives souvent accusées d’opacité : « Toutes les informations requises pour 2021 ont été mises à disposition, que ce soit de la part de l’administration que du secteur extractif. Donc toutes les informations ont été traitées, retraitées, complétées selon les formes requises pour les exigences du rapport. »
La société civile, bien qu’impliquée, boude le rapport. Georges Mpaga énumère les points de frustration. « Nos réserves portent essentiellement sur la fiabilité et l’exhaustivité. Par exemple, les principales compagnies pétrolières comme Perenco, Assala, Valco, Addax, ont des comptes qui ne sont pas certifiés par un commissaire aux comptes agréé. »
L’administration dit comprendre la bouderie de la société civile et espère que le prochain rapport attendu pour décembre prochain réduira les écarts constatés.
Rémy Ngassana