(BFI) – Les changements de paradigmes, les inversions de tendances et la nouvelle configuration de la géopolitique mondiale impliquent aujourd’hui une refonte des relations entre l’Afrique et l’Europe, longtemps caractérisées par un rapport donneur-bénéficiaire. En travaillant d’égal à égal, cela favorisera une meilleure coopération qui conduira à un renforcement des économies numériques plus inclusives et à un plus grand bien-être social sur les deux continents. Ils peuvent tirer profit des innovations et des enseignements de la pandémie pour élaborer de nouvelles approches, en matière notamment de leadership et de réglementation, afin d’accélérer la révolution numérique.
D’ici 2025, le continent devrait compter 600 millions d’abonnés mobiles, soit un taux de pénétration de 44 %, selon le GSMA. La forte croissance de la population connectée témoigne de la digitalisation continue du continent africain. Pour permettre de connecter cette population, qui devrait doubler d’ici 2050, il faut des infrastructures solides. Les investissements se poursuivent dans ce domaine, mais nécessitent des fonds de plus en plus importants. De grandes entreprises européennes investissent déjà en Afrique pour connecter le territoire et apporter des solutions numériques innovantes. Ces investissements sont essentiels pour mener la quatrième révolution industrielle, car ils sont garants du financement de l’innovation, mais aussi de l’attractivité des Etats. Le tissu entrepreneurial africain profite de cet attrait des investisseurs. In fine, c’est tous les secteurs de l’économie qui en sortent gagnants.
Seule la mobilisation de l’ensemble des parties prenantes peut renforcer les écosystèmes numériques
Le financement des écosystèmes du digital nécessite de mobiliser à la fois le secteur public et le secteur privé. L’Union européenne l’a bien compris et assouplit régulièrement ses cadres législatifs pour permettre l’émergence de partenariats public-privé. Cette philosophie doit faire des émules en Afrique : plutôt que d’opposer les intérêts privés aux politiques publiques, il est important que les acteurs africains favorisent le dialogue de part et d’autre pour mener à bien des projets qui profitent à tous. Opérateurs, fournisseurs, et institutions publiques doivent collaborer pour accélérer l’essor du digital.
Il existe aujourd’hui un véritable engouement de la part des grands acteurs du numérique pour le continent africain. Les investissements des grands groupes sont massifs et continuent d’affluer malgré la crise sanitaire mondiale. Mais les défis sont encore nombreux. D’une part, l’Afrique nécessite des financements. D’autre part, près d’un tiers des Africains n’ont pas accès à l’électricité. De nombreuses zones restent encore enclavées. Or, l’énergie joue un rôle central, car sans énergie, une Afrique connectée ne peut voir le jour.
La formation des jeunes générations, facteur de la réussite de la révolution numérique
L’atout majeur de l’Afrique, c’est sa population. Quand certains craignent l’explosion démographique, d’autres y voient une chance à saisir. Selon les estimations des Nations Unies, d’ici 2030, 30 millions de jeunes arriveront chaque année sur le marché du travail. C’est considérable. L’enjeu sera donc de créer des emplois pour ces nouvelles générations. Et c’est précisément l’opportunité promise par l’avènement du digital.
Pour renforcer l’employabilité des jeunes, il faut les orienter vers les filières de formation d’avenir. Le digital est un enjeu transversal qui touche tous les secteurs économiques. L’usage exponentiel des TIC se retrouve dans le commerce en ligne, l’agritech, l’e-santé, et même l’administration dématérialisée. Tous ces domaines sont autant de viviers d’employabilité, amenés à nécessiter de la main-d’œuvre qualifiée. De nombreuses écoles européennes ouvrent des filiales en Afrique, pour exporter le savoir. C’est une chance pour les deux continents, qui mutualisent leurs cultures et leurs visions de la société. Cette interactivité est d’autant plus forte aujourd’hui avec la généralisation des cours en ligne, qui peuvent être suivis par des Africains en Europe et inversement, sans même avoir à se déplacer, quand les disparités socio-économiques peuvent être un frein.
De fait, je crois fermement que la formation des jeunes est le levier pour mener à bien la révolution numérique déjà en cours sur le continent, soutenue par un renouveau mutuellement bénéfique du partenariat entre l’Union européenne et le continent africain.
Par Philippe Wang, vice-président exécutif de Huawei Northern Africa