(BFI) – Nouveaux financements, transfert de technologies, partage des données, base juridique : la quête d’un environnement propice à l’implantation d’une industrie pharmaceutique africaine au menu d’une table ronde organisée en marge des 58es assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD).
L’Afrique est-elle en mesure de promouvoir la fabrication des produits qu’elle consomme dans le domaine sensible, concurrentiel et finalement très fermé de l’industrie pharmaceutique ? Cette question a fait l’objet d’un exposé mené par un panel d’experts et officiels africains ainsi qu’ étrangers, le 22 mai, au centre international des congrès de Charm el-Cheikh, en Egypte. Le but était de présenter la place de la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique (APTF) dans le dispositif sanitaire du continent comme mécanisme du bien-être de sa population.
Dans son mot liminaire, le président de la BAD a souligné que la problématique du médicament est étroitement liée au développement du continent dont les nombreuses ressources naturelles, encore inexploitées, ne peuvent l’être à son profit si la santé des Africains n’est pas une priorité. Akinwumi Adessina a appelé à poursuivre les efforts en matière de recherche/développement, en s’appuyant sur l’expertise qui existe sur place en Afrique, mais également en concluant avec des investisseurs des accords susceptibles d’apporter des financements adéquats. Le partenariat public-privé reste l’une des options car il apporte la garantie que les initiatives prises seront menées à leur terme.
Les panelistes ont encouragé l’Afrique à capitaliser sur les nombreuses expériences sanitaires qu’elle a vécues, les dernières en date étant les pandémies d’Ebola et de covid-19 lors desquelles elle a montré ses capacités de résilience : « L’Afrique est ouverte dans ce qu’elle produit », a soutenu le Pr Christian Happi. Son pays, le Nigeria, a-t-il commenté, a partagé les données scientifiques sur le covid-19, en particulier à partir de la découverte de certains germes comme le virus Omicron. Cette disposition n’est pas observée sur d’autres continents, a-t-il regretté.
A la conclusion, l’APTF représente un cadre juridique par excellence de soutien à la volonté d’indépendance du continent dans la politique du médicament. L’Afrique ne peut plus continuer à importer 70% de vaccins et produits pharmaceutiques qu’elle consomme et payer chaque année 14 milliards de dollars de charges financières. Mais il n’est pas question pour elle de faire cavalier seul sur un terrain à défricher.
L’APTF, dont le pays d’accueil est le Rwanda, bénéficie de l’appui de l’Union africaine et d’autres partenaires de poids parmi lesquels l’Organisation mondiale du commerce, l’Organisation mondiale de la santé et la Commission de l’Union européenne. L’apport des gouvernements africains, des instances internationales publiques et privées lui sera d’une grande importance dans la mise en œuvre de sa vision de rendre disponibles le médicament et le vaccin produits en Afrique fixée à l’horizon 2030.
In adiac-congo