(BFI) – Près de deux tiers de la population et plus de 90% des entreprises installées au Cameroun connaissent une forte dégradation sur le plan économique à cause de la pandémie. C’est ce qui ressort de l’enquête réalisée par l’Institut national de la statistique dans 770 entreprises et 1130 personnes au Cameroun sur la période du 27 avril au 10 juin 2020.
Disponible depuis le début du mois de juin, cette enquête menée avec le concours des Nations Unies visait à apprécier l’incidence immédiate de la crise sanitaire due au coronavirus sur les emplois, le marché du travail et sur les conditions de vie des populations au Cameroun.
L’enquête a permis de ressortir les effets négatifs de la pandémie aussi bien au niveau des entreprises que sur la population. Elle a en outre mis en exergue la résilience sociale et économique des populations et des entreprises qui a permis de contenir les effets attendus de la pandémie de la Covid-19.
Au sujet des ménages
L’enquête de l’Ins a porté sur 1310 personnes dont 1208 ayant un travail et 102 chômeurs ou à la recherche d’un emploi.
Sur ce total, 65 % des ménages interrogés par les équipes de l’Ins disent avoir enregistré une baisse de leur revenu. Tandis que 75 % admettent connaître un ralentissement de leur activité, du fait de cette pandémie.
Le coronavirus a conduit à une dégradation considérable du niveau de vie de 62,7 % des ménages. Et toujours selon le rapport de l’Ins, nombreux sont ceux qui, plus qu’avant, ont recourt à l’assistance des tiers. 29 % de femmes sont touchés par ce phénomène contre 26% d’hommes.
Pour faire face à cette pandémie ainsi qu’à ses effets négatifs, le rapport souligne que certaines mesures d’adaptation et de résilience ont été prises par une frange non négligeable des ménages. Il s’agit du recours au stockage des denrées alimentaires afin de limiter les sorties et éviter la pénurie dans 35% des ménages et dans 16% des cas, le stockage des médicaments et des produits pour la prévention ou le traitement du coronavirus.
Concernant les entreprises
La quasi-totalité des chefs des 770 entreprises renseignées ont connaissance de l’existence de la Covid-19. 93% d’entre eux estiment que les activités de leurs unités de production sont négativement impactées.
Cette proportion est relativement homogène quel que soit la taille des entreprises et aussi bien pour les entreprises du secteur formel que celles du secteur informel.
Parmi ces entreprises négativement touchées, 14% du secteur informel et 18% des Petites et Moyennes entreprises (Pme) sont en situation d’arrêt temporaire ou définitif.
Toutefois, une analyse par branche d’activité permet de relever que 25% des promoteurs du secteur de la santé déclarent un effet positif. En outre, les entreprises les plus affectées se retrouvent dans l’éducation, la sylviculture, l’hébergement et la restauration.
En ce qui concerne l’emploi, il ressort que dans l’ensemble, 55% d’entreprises ont revu les effectifs employés à la baisse. Cette baisse concerne 59% des PME du secteur moderne et est plus prononcée dans les branches éducation (92%), hébergement (hôtellerie) et restauration (71%), extraction (76%) et sylviculture (73%).
Il convient de relever que les branches concernées par la hausse des prix de production sont celles de l’hébergement et restauration, la construction, des autres industries manufacturières et des industries alimentaires.
Les recommandations de l’Ins
Suite aux résultats de cette enquête, l’Ins propose certains au gouvernement pour réduire l’impact négatif induit par la maladie.
Par exemple, l’Ins recommande pour les entreprises :
– D’atténuer les effets sur la trésorerie des entreprises par l’apurement du stock des crédits de Tva ; la poursuite de l’apurement de la dette intérieure ; l’annulation et/ou l’accord de moratoires pour le paiement de certains impôts ; la facilitation de l’accès au crédit à travers la garantie de l’Etat ;
– De participer à la relance de la demande intérieure par : la priorisation des entreprises locales pour ce qui est de la commande publique, l’intensification de la promotion du patriotisme économique.
– D’atténuer les effets sur les coûts de production en : assurant un contrôle permanent des prix sur les marchés ; mettant en place un mécanisme de veille pour garantir l’approvisionnement suffisant du marché intérieur en biens intermédiaires ;
– D’atténuer l’effet sur les réductions d’employés par des subventions et aides financières aux entreprises, notamment les PME et les entreprises des secteurs à forte intensité de main d’œuvre.
Pour les menages, l’Ins conseille de garantir un approvisionnement suffisant des produits alimentaires via les activités de la Mirap.
Christian Trésor Adong Baliaba