(BFI) – Le vendredi 2 mai, à Abou Dabi, le Tchad et les Émirats arabes unis ont signé un protocole d’accord en vue de la mise en œuvre d’un projet ferroviaire reliant N’Djamena au port de Douala, au Cameroun. L’accord, conclu entre l’Office national des chemins de fer du Tchad et Etihad Rail, l’opérateur ferroviaire public des Émirats, vise à encadrer la phase préparatoire de cette infrastructure stratégique, avec un appui technique et financier émirati.
Pour réduire sa dépendance au port de Douala, le Tchad a signé un accord avec la Guinée équatoriale en décembre 2024. Ce réalignement fragilise les recettes douanières camerounaises et redonne un enjeu stratégique au projet ferroviaire Douala–N’Djamena.
Il prévoit notamment la collecte de données sur les volumes de fret attendus, l’actualisation des études de faisabilité d’ici juin 2025, ainsi que la définition d’un chronogramme jusqu’en décembre 2025. Ce dernier devra préciser les modalités institutionnelles du projet avant la signature des contrats.
Le partenariat s’inscrit dans une coopération tripartite incluant le Cameroun, engagé dans des discussions avec Etihad Rail depuis janvier 2025. Plusieurs options techniques ont déjà été étudiées dans le cadre d’études de faisabilité antérieures, dont l’une prévoit une ligne reliant Ngaoundéré, au Cameroun, à N’Djamena, via Moundou, Kélo et Bongor. Ces études estiment le coût du projet à plus de 2580 milliards de francs CFA, soit environ 4,46 milliards de dollars.
Le projet ferroviaire viendrait compléter plusieurs investissements logistiques en cours, notamment le pont Yagoua–Bongor, inauguré le mardi 29 avril et long de 620 mètres, pour un coût de 92 milliards de francs CFA. Il s’intègre également au projet routier de 226 kilomètres reliant Kélo–Pala–Léré à la frontière du Cameroun, évalué à 994 millions d’euros.
Ces infrastructures visent à structurer un corridor multimodal entre Douala et N’Djamena. Ce projet est identifié comme prioritaire dans les initiatives intégratrices de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Le Tchad, pays enclavé, dépend fortement du port de Douala pour ses échanges extérieurs. Selon le Port autonome de Douala, plus de 80 % des marchandises importées par le Tchad transitent par cette plateforme portuaire. Par ailleurs, en 2023, le Tchad a représenté 39,3 % des exportations camerounaises vers l’Afrique, d’après l’Institut national de la statistique du Cameroun.
Le corridor Douala–N’Djamena génère environ 350 milliards de francs CFA de recettes douanières annuelles pour le Cameroun, mais souffre de lenteurs administratives. En novembre 2024, les autorités douanières des deux pays ont signé un protocole visant à améliorer la fluidité du transit.