(BFI) – SGS, qui revendique la place de leader mondial de l’inspection et de la certification, a annoncé le 3 juillet, la reconduction de son contrat avec la République du Cameroun pour le Programme d’Évaluation de la Conformité Avant Embarquement (PECAE). Cette décision permet à l’entreprise suisse de conserver son statut d’unique organisme habilité à certifier les importations de biens vers le Cameroun.
Selon les données les plus récentes du Centre du commerce international, le Cameroun a importé pour environ 8,2 milliards de dollars de marchandises en 2024. Ce renouvellement de collaboration représente donc une source de revenus prévisibles pour SGS. Les frais d’inspection pré-expédition oscillent généralement entre 0,5 % et 1 % de la valeur FOB (Free on Board) des marchandises, selon les standards du secteur. Sur la base du volume d’importations de 2024, les revenus potentiels de SGS peuvent être estimés – sous réserve de confirmation – entre 41 et 82 millions de dollars annuels, soit entre 27 et 54 milliards de FCFA.
Cette estimation ne tient compte que des frais de base. À cela s’ajoutent les coûts liés aux tests en laboratoire et à l’émission des certificats de conformité. La position monopolistique de SGS, garantie par la désignation gouvernementale, met l’entreprise à l’abri de toute concurrence directe sur ce marché spécifique, contrairement à d’autres segments d’activité où elle doit composer avec des concurrents tels que Bureau Veritas.
Le programme PECAE, institué par le décret du Premier ministre n° 2019/143, impose un contrôle systématique sur la quasi-totalité des importations camerounaises. Seuls sont exemptés les produits d’une valeur inférieure à 2 millions de francs CFA (environ 3 250 dollars) ainsi qu’une liste restreinte comprenant les armes, les dons diplomatiques et les œuvres d’art.
Concrètement, chaque expédition destinée au Cameroun doit être inspectée dans le pays d’origine. Cette procédure inclut des tests en laboratoire et une vérification de conformité aux normes camerounaises. SGS délivre ensuite un Certificat de Conformité (CoC) indispensable pour le dédouanement. En l’absence de ce document, les marchandises peuvent être saisies, et leurs propriétaires exposés à des sanctions légales. L’opération se fait en partenariat avec l’Agence des Normes et de la Qualité (ANOR) du Cameroun.
Les autorités camerounaises justifient ce dispositif par la volonté de lutter contre la contrefaçon et l’importation de produits de mauvaise qualité, en particulier en provenance d’Asie. Toutefois, la prédominance et la progression continue des produits chinois sur le marché local suggèrent que ces contrôles, bien que contraignants, n’entravent pas significativement les flux commerciaux en provenance de cette région.
Pour SGS, la reconduction du contrat constitue une garantie de stabilité de revenus dans le domaine de la certification de conformité. Cependant, ces revenus restent soumis à la volatilité des importations camerounaises. En 2024, les volumes et valeurs importés étaient en baisse de 9,5 % par rapport aux 9,3 milliards enregistrés en 2023. Cela oblige l’entreprise à maintenir une infrastructure suffisante pour gérer les pics d’activité tout en assurant sa rentabilité en période de ralentissement.
La reconduction du programme PECAE s’inscrit également dans une dynamique continentale de renforcement des contrôles qualité. Plusieurs pays africains ont adopté des dispositifs similaires, créant un marché régional significatif pour les entreprises de certification. Cette tendance pourrait s’accélérer avec la mise en œuvre progressive de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui impliquera nécessairement une harmonisation des standards de qualité.