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Le Cameroun, une économie diversifiée et résiliente

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Tout comme durant la crise sanitaire, le Cameroun a fait preuve de résilience en 2023 et les prévisions sont très encourageantes pour les deux années à venir, en dépit de quelques zones grises. Ainsi peut-on résumer le sentiment des analystes d’Attijari Global Research qui publient ces jours-ci une note détaillée sur l’économie camerounaise.

Le taux de croissance de 3,9% est proche de sa cadence à long terme estimée à 4,0%. Ce, dans une zone CEMAC où la croissance a ralenti, l’an dernier.

À la faveur de son industrialisation, le Cameroun présente donc le visage d’un pays à l’économie diversifiée et résiliente aux aléas des prix des matières premières. En revanche, la croissance est particulièrement exposée à la consommation.

L’année 2023 a donné lieu également à une réforme des subventions des prix à la pompe tout en maintenant sous contrôle l‘équilibre budgétaire. D’ailleurs, le retard dans le paiement d’une échéance de dette étrangère « relève davantage d’un incident de parcours que d’une difficulté budgétaire persistante ».

Pour l’année 2024, le Cameroun devrait afficher une légère accélération de sa croissance à 4,5% avec une contribution homogène de l’ensemble des secteurs. En particulier, le secteur pétrolier rompt avec la période de déclin grâce la reprise de la production du gaz qui compense le recul structurel du pétrole. L’industrialisation du pays se poursuit, ce qui rehausse le niveau de diversité de l’économie et lui permet de se prémunir contre la volatilité des prix des matières premières.

Si l’inflation doit reculer à 4% en 2024, selon les prévisions du gouvernement, il faudra se montrer vigilant sur ce point, car la hausse des prix a des répercussions sur la consommation, « socle de la croissance économique » ainsi que sur le Budget de l’État. La consommation, qui représente près de 84,5% du PIB. Ici, le Cameroun devrait faire moins bien que les autres pays de la CEMAC, où l’inflation devrait être plus faible cette année.

Au Cameroun, l’« enjeu est davantage de mobiliser les recettes pour rehausser le niveau des investissements plutôt que de réduire les dépenses », détaillent les analystes. Sachant que, le secteur pétrolier est davantage un contributeur à la croissance qu’aux recettes.

En matière budgétaire, les dépenses d’investissements de l’État ont dépassé les prévisions en 2023. Nul dérapage : « Ceci traduit l’effort du secteur public à soutenir les investissements qui sont en relative perte de vitesse en comparaison avec les autres composantes de la croissance », commentent les analystes.

Mieux mobiliser les recettes

D’ailleurs, la part de l’investissement (FBCF) dans le PIB avoisine 19,1% du PIB camerounais, contre une moyenne de 21,9% en Afrique subsaharienne.

L’an passé, le Cameroun aura donc subi un coup dur : l’abaissement de ses notes par les agences de notations américaines. Ces décisions « auront certainement des impacts sur les finances publiques », en raison d’augmentation de la prime de risque pour les futurs emprunts. Charge donc aux autorités camerounaises de convaincre les bailleurs de fonds de la pertinence de leur politique budgétaire à travers une accélération des réformes. « D’ailleurs, la baisse de la compensation accordée à la pompe est une action courageuse pour un pays producteur de pétrole », commentent les analystes d’Attijari Global Research. Qui ne mésestiment pas les risques financiers que fait peser le contexte sécuritaire, dans la région.

Bien sûr, il demeure certains vecteurs de risques, reconnaissent les analystes : un choc sécuritaire, une dégradation de l’économie mondiale, de mauvaises conditions climatiques. Pour l’heure, rien de nature à mettre en cause les prévisions.

D’autre part, la lecture de la physionomie du budget 2024 confirme la volonté du pays de mobiliser des recettes internes non pétrolières conformément aux objectifs de la Stratégie nationale de développement 2020-2030. Ceci dit, le pays est appelé à intensifier ses efforts en matière de recettes fiscales pour rattraper son retard par rapport à la moyenne des pays d’Afrique. De leur côté, les dépenses devraient augmenter moins rapidement. Tandis que les intérêts de la dette (6,1%) ne pèsent que marginalement sur le budget global.

Pour ce qui est des investissements, la priorité est accordée à la reconstruction progressive des régions Nord-Ouest, Sud-Ouest et Extrême-Nord ainsi que la poursuite du développement des routes et ouvrages d’art, des infrastructures du secteur de la santé, ainsi que le renforcement du réseau de distribution de l’électricité.

Résultat : « Contrastant avec la tendance des pays d’Afrique subsaharienne, le Cameroun conserve une tradition de déficit budgétaire soutenable », signalent les analystes. Cette année 2024 devrait aller dans cette ligne directrice avec une balance quasi équilibrée entre les dépenses et les recettes, soit un déficit budgétaire de 1,0% du PIB. Grâce à cela, le Cameroun présente une posture améliorée avec un encours de dette largement inférieur au seuil de convergence communautaire et un besoin de financement en nette baisse pour cette année.

In Magazine de l’Afrique

Rédaction
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