(BFI) – Le Cameroun prépare une levée de fonds à l’international, avec pour objectif de mobiliser un financement de 100 milliards de Fcfa auprès de la banque française Natixis. Cette opération en cour de structuration, bénéficie de l’appui de la Banque mondiale à travers sa filiale MIGA (Multilateral Invesment Guarantee Agency), spécialisée dans les garanties contre des risques non commerciaux.
L’annonce a été faite par Samuel TELA, directeur de la trésorerie au Ministère camerounais des Finances, lors d’une intervention à la CRTV, la télévision nationale. Ce financement, à cours, est destiné à combler un déficit de liquidité anticipé entre mai et Août « une période où les dépenses sont généralement élevées et les recettes plus faibles ». Samuel TELA a souligné que ces fonds devront être remboursé avant le 31 décembre 2025, assurant ainsi un impact nul sur l’endettement public à moyen terme.
Ce crédit s’inscrit dans le cadre d’une autorisation présidentielle datée du 19 mai 2025, qui permet au ministre des Finances de mobiliser jusqu’à 200 milliards de Fcfa sur le marché international au cours de l’exercice en cours. Selon les informations publiées sur le site de la MIGA, l’opération en préparation prévoit un prêt de 152 millions d’euros soit environ 100 milliards de Fcfa à accorder par Natixis à l’Etat du Cameroun. Ce crédit est adossé à une garantie de la MIGA couvrant les risques politiques et de non-paiement, avec une maturité initiale d’un an, renouvelable deux fois.
Les fonds mobilisés serviront principalement à financer des paiements envers des fournisseurs actifs dans des secteurs jugés stratégiques par les autorités. Il s’agit notamment de l’agriculture, des infrastructures de transport et d’eau.
Avec cette initiative, le Cameroun cherche à diversifier ses sources de financement. Le marché domestique, de plus en plus sollicité, montre des signes de saturation, rendant très difficile l’accès à des liquidités suffisantes pour le gouvernement. « Sur le plan interne, l’accès à la liquidité devient de plus en plus difficile et le ministre des finances doit arbitrer entre les dépenses urgentes qui créent une forte pression sur la trésorerie » a expliqué Samuel TELA.
Parmi les urgences citées, le directeur de la trésorerie a évoqué les surcoûts du secteur de l’électricité. A fin Avril, les dépenses dans ce domaine « avaient déjà atteint 36 milliards de Fcfa dépassant les prévisions initiales de 20 milliards de Fcfa en raison des paiements anticipé des subventions tarifaires ». Il a rappelé que l’Etat doit compenser annuellement la différence entre le coût de production et le prix de vente de l’électricité, une charge estimée à 50 milliards de Fcfa.
Un autre défi majeur est la suspension de l’appui financier des Etats-Unis au Fonds mondial « qui a privé le Cameroun d’environ 50 milliards de Fcfa de subventions » pour des médicaments essentiels. « Un besoin immédiat de 12 milliards de Fcfa » est apparu pour compenser ce retrait imprévu. Les dépenses militaires et sécuritaire, bien que planifiées, sont également soumise à des réévaluations à la hausse, tandis que certaines charges sociales dont la nature n’a pas été révélée, ont dû être réglé en urgence dès le premier trimestre.
L’habilitation présidentielle permet au ministre de Finances de mobiliser jusqu’à 200 milliards de Fcfa mais l’objectif n’est pas de tirer l’intégralité de la somme immédiatement. Samuel TELA a précisé qu’il s’agit d’une ligne de crédit flexible, permettant des tirages progressifs en fonction des besoins urgents. « On peut commencer par 20 ou 30 milliards de Fcfa, puis augmenter selon les urgences et la trésorerie disponible » a-t-il détaillé.
Avec Sika Finances