(BFI) – L’État du Cameroun entend reprendre les actions du Fonds d’investissement britannique, actionnaire majoritaire au sein d’Energy of Cameroon (Eneo), compagnie en charge de la distribution d’énergie électrique au Cameroun. Le gouvernement vient de lancer le processus en recherchant un cabinet d’expertise pour commencer par évaluer la valeur des actions d’Actis, qui détient 51% de parts dans Energy of Cameroon (Eneo).
Selon le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, qui s’exprimait au cours de l’atelier sur le redressement du secteur de l’électricité au Cameroun tenu le 8 juin dernier à Yaoundé, son partenaire stratégique a entamé avec un démembrement de l’État à savoir la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps).
« Suite à la volonté affichée d’Actis de se retirer de l’actionnariat de la société Eneo, l’option qui est présentée aux partenaires techniques et financiers est de procéder préalablement à l’évaluation de la valeur des actions d’Actis, par un cabinet international d’expertise avérée », a déclaré Gaston Eloundou Essomba. Ce dernier renseigne également qu’au terme de l’opération de rachat par l’État, un plan de restructuration sur une période transitoire sera élaboré. « Il sera donc entre autres questions de discuter avec les banques locales de la restructuration de la dette court terme qui est l’un des fardeaux les plus contraignants de la trésorerie du secteur de l’électricité », explique le Minee. Au terme de ce processus d’évaluation, souligne le membre du gouvernement, il sera question de voir plus clair sur les perspectives du concessionnaire du service public de production et de distribution de l’énergie.
Enfin, le rachat global de l’entreprise devrait permettre à l’État de gérer plus facilement le maintien d’éventuelles subventions à la consommation électrique des aux Camerounais. Il faut dire que le projet de restructuration du secteur de l’électricité, baptisé aujourd’hui « plan de redressement » est dans les tuyaux depuis des années, sans que l’exécutif ne soit parvenu à le faire aboutir lors du précédent septennat.
100 milliards de FCFA d’impayés
Il faut souligner qu’en 2019, Actis avait manifesté son souhait de céder sa filiale camerounaise du fait des impayés de Yaoundé qui s’accumulaient alors, jusqu’à 100 milliards de FCFA à l’époque. Pour l’heure, la valeur de l’action n’a pas encore été fixée. Fidèle à sa politique d’investissement, le Fonds britannique n’a pas vocation à faire de vieux os au Cameroun. Son objectif était de redresser financièrement l’entreprise pour ensuite la céder au plus offrant. En rappel, le rachat d’Eneo s’accélère dans un contexte où le concessionnaire du service public de l’électricité fait sa face à des tensions de trésorerie.
Courant avril, David Grylls, le patron d’Actis a servi une mise en demeure au Premier ministre, Joseph Dion Ngute, pour réclamer un paiement de 186 milliards de FCFA, au risque de traîner le pays en Justice pour « rétention illégitime » de ses liquidités. A en croire le patron d’Actis, la majeure partie de cette dette accumulée concerne l’électricité consommée par l’État, les pouvoirs publics et les entités publiques. Elle est complétée par les remboursements de la taxe sur la valeur ajoutée pour 2022 et les paiements de compensation tarifaire qui sont dus mais n’ont pas été effectués.
Les intérêts sur les paiements en retard s’accumulent et la dette continue de croître. Il en résulte une crise de liquidité aiguë dans le secteur de l’électricité. Cet état de chose, menace en effet, la liquidité d’Eneo « ainsi que sa capacité à réaliser pleinement son potentiel dans le cadre de la Concession et d’autres accords. Compte tenu du rôle crucial joué par Enéo dans la production, la distribution et la vente d’électricité dans tout le pays, la viabilité continue du secteur de l’électricité au Cameroun est toujours fortement menacée », avait écrit David Grylls.