(BFI) – Le 8 avril dernier, les investisseurs actifs sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) sont invités à souscrire à une émission d’obligations du Trésor assimilables (OTA) du gouvernement camerounais.
À travers cette opération sur des OTA à 5 ans de maturité, rémunérées à 5,7%, le Trésor public camerounais espère pouvoir mobiliser une enveloppe de financements comprise entre 50 et 100 milliards FCFA, en vue de la réalisation de certains projets d’infrastructures dans le pays.
Cette opération fait partie d’une série de trois émissions de titres publics programmées sur ce marché par le gouvernement camerounais, à l’effet de lever une enveloppe totale de 220 milliards FCFA. En 2019, pareille opération avait déjà permis au gouvernement de mobiliser plus que les 150 milliards FCFA initialement sollicités.
À l’observation, en lieu et place du marché financier (DSX et désormais Bvmac depuis l’unification des deux bourses) sur lequel le Cameroun a aligné avec succès des emprunts obligataires depuis 2010 (795 milliards FCFA mobilisés sur ce marché au 29 février 2020, selon le ministère des Finances), le Trésor public semble avoir changé de fusil d’épaule. C’est le marché des titres publics de la Beac qui emporte désormais ses faveurs en matière de mobilisation des financements sur le marché des capitaux. Au total, 1867,4 milliards FCFA y ont été levés à fin février 2020, selon les chiffres officiels.
Des coûts très compétitifs sur le marché monétaire
« L’Etat s’est recentré sur le marché monétaire de la Beac, qui est le marché traditionnel des Trésors publics et des banques, pour émettre des OTA dont la durée moyenne du prêt est plus longue que les emprunts obligataires. Les OTA offrent un délai de grâce plus long à l’État, dans la mesure où le principal n’est remboursé qu’au terme de sa maturité, contrairement aux emprunts obligataires dont le remboursement intervient généralement par quart, à partir de la 2e année », explique Samuel Tela, le directeur de la trésorerie à la direction générale du Trésor du ministère des Finances.
Ce dernier précise, par ailleurs, que sur le marché monétaire, la mise en branle d’une opération est beaucoup moins contraignante en matière de délais d’exécution. « Dans un délai maximal de 45 jours, toutes les actions incitatives, de sensibilisation, de communication et de souscription pourront être accomplies, contrairement à l’emprunt obligataire qui prend en moyenne 6 à 8 mois pour aboutir », corrobore une note interne du ministère des Finances à laquelle Investir au Cameroun a pu avoir accès.
Cependant, au-delà de la flexibilité et de la célérité qu’il offre aux émetteurs, le marché monétaire apparaît hautement plus compétitif que le marché financier, en ce qui concerne les coûts des prestations, fait remarquer un cadre du Trésor public.
4,4 milliards FCFA d’économies attendues en 2020
En effet, souligne notre source, à la différence d’un emprunt obligataire sur le marché financier, une opération de levée de fonds sur le marché monétaire ne requiert pas le recrutement par appel d’offres d’un arrangeur appelé à constituer un syndicat de placement. L’absence de cette contrainte implique, apprend-on, « l’absence de la commission de prise ferme (0,95% du montant de la prise ferme), l’absence de la commission de souscription (0,9% du montant souscrit), l’absence des débours forfait (100 millions FCFA pour l’emprunt 2018), puis l’absence de la procédure d’immatriculation à la Cosumaf, soit 0,3% du montant émis ».
Au total, lorsqu’on additionne ces frais, les émissions d’OTA sur le marché de la Beac font économiser au Trésor public environ 2% du montant total des souscriptions, soit 1,78% de commissions de syndication et 0,3% de frais d’enregistrement. En numéraires, des économies d’environ 4,4 milliards FCFA sont attendues sur les 220 milliards FCFA d’OTA que le Cameroun lance ce 8 avril 2020 sur le marché monétaire.