(BFI) – Le ministre camerounais du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana a émis des prévisions sur la rémunération des producteurs de cacao au terme de la campagne cacaoyère 2023-2024, soit une enveloppe estimative de 1 500 milliards de Fcfa. C’était au cours d’une réunion d’information présidée par le ministre, le 18 juillet dernier, portant sur les défis du Règlement 2023/1115 de l’Union européenne (UE) sur la déforestation et la dégradation des forêts dans les échanges commerciaux (RDUE) pour le Cameroun. Ladite séance s’est tenue en présence des chefs de départements ministériels concernés et des représentants de l’Union européenne, dirigés par Jean-Marc Chataigner, chef de la délégation européenne au Cameroun.
Dans son exposé, rapporte le journal EcoMatin, le Mincommerce s’est adossé sur le contexte avantageux du cours du caco au Cameroun. En effet, dans le pays, le prix au kilogramme de fèves est de 5 156 Fcfa selon les dernières actualisations de l’Office national du cacao et du café (Oncc) en date du 18 juillet 2024. Grâce à ce prix [qui est le plus élevé du continent] et le volume de caco exporté durant la campagne 2023-2024, environ 300 000 tonnes, le Mincommerce estime que la rémunération qui sera reverser aux producteurs dans le cadre de cette campagne devrait atteindre 1 500 milliards de Fcfa. « Avec le niveau actuel des cours, que je situerai autour de 5 000 Fcfa par kilogramme de cacao, c’est-à-dire 5 millions de Fcfa par tonne, et pour une production exportée de 300 000 tonnes, cela représente une rémunération versée directement au producteur, sur une seule campagne, de l’ordre de 1 500 milliards de Fcfa », a-t-il souligné dans son exposé.
Pour le grand plaisir des producteurs, cette rémunération serait en hausse de 510% par rapport aux 2 précédentes campagnes [2021-2022 et 2022-2023] où elle s’est établie à 295,1 milliards de Fcfa pour un coût moyen de 1 000 Fcfa/Kg de fèves de cacao. Si elle est avérée, la prévision du Mincommerce enchanterait les producteurs de l’or brun qui ont participé à la valorisation du cacao local grâce à la pratique de techniques de récoltes améliorées avec pour objectif de faire du cacao camerounais, un cacao d’excellence vendu à l’international au grand dam des premiers producteurs mondiaux notamment la Côte d’Ivoire et le Ghana.
Cette rémunération onéreuse intervient dans un contexte où l’UE souhaite restreindre l’accès à son marché vaste de plus de 500 millions de consommateurs aux pays producteurs ne s’arrimant pas au RDUE, qui entrera en vigueur dès le 30 décembre prochain. A ce niveau, l’enjeu pour le Cameroun n’est pas des moindres car l’essentiel de ses exportations de cacao et de café sont vendues sur le marché européen. « 78% des exportations de cacao et 68% de celles de café du Cameroun sont destinées au marché européen. Nos producteurs mériteraient une prime plutôt qu’une restriction d’accès au marché, compte tenu de notre système de production sous ombrage », a indiqué Luc Magloire Mbarga Atangana.
Afin de maintenir son accès à ce marché, les défis pour le Cameroun se situent à trois niveaux, notamment assurer la traçabilité des produits ; l’application d’une avec « zéro déforestation » et le respect des exigences de légalité imposés par l’UE. Selon le ministre, le Cameroun n’en est pas loin étant donné que les producteurs dans leur grande majorité pratiquent l’agroforesterie dans la cacaoculture et la caféiculture.