AccueilSecteursEconomieLe Cameroun lance officiellement la Bourse Nationale des Déchets au service de...

Le Cameroun lance officiellement la Bourse Nationale des Déchets au service de la transformation des villes

-

Présidé par le ministre de l’environnement, Pierre Hélé, la réunion fondatrice de la BND consacre la transformation d’une recommandation formulée dès 2016 en un outil de marché à vocation économique. La BND est conçu comme une société d’économie mixte. L’Etat via le ministère de tutelle et les communes d’Ebolowa et de Kumba en détiennent la majorité du capital, avec 40 actions représentant 160 millions de Fcfa. Le reste du tour de table est composé d’investisseurs privés opérant dans les filières de collecte, de tri, recyclage ou valorisation des déchets qui ont souscrit pour un montant agrégé estimé à 130 millions de Fcfa. Ce chiffre reste provisoire. Des souscriptions de dernière minute ont été enregistré le jour même de l’assemblée.

Chaque action de la Bourse est valorisée à 4 millions de Fcfa. Le modèle économique retenu permet à ces investisseurs de jouer un double rôle. Ils sont actionnaires de l’entreprise et potentiellement clients ou fournisseurs sur la plateforme d’échanges. La BND fonctionnera comme une place de marché virtuelle connectant l’offre à la demande des déchets à potentiel économique, avec une ambition déclarée de structurer les flux d’échanges, d’en établir les prix indicatifs et de facilité l’accès aux intrants pour les industriels de recyclage.

La Bourse sera officiellement opérationnelle à partir de juillet 2025, selon les autorités. L’architecture institutionnelle étant en cours de finalisation prévoit la nomination d’un Directeur général, d’un directeur général adjoint ainsi que d’un conseil d’administration. Les équipements techniques à son fonctionnement sont déjà disponibles, d’après le ministère de l’environnement.

La création de cette bourse intervient dans un contexte où le secteur de la gestion des déchets reste sous tension au Cameroun. La production annuelle urbaine dépasse désormais les 6 millions de tonnes contre 3,4 millions de tonnes en 2007. Dans le même temps, les capacités d’enlèvement restent limitées avec des taux variant entre 45% à Yaoundé et 69% à Douala. Ces contraintes offrent paradoxalement un vivier important pour le développement d’une activité de valorisation, à condition de surmonter les défaillances actuelles de la collecte.

Selon une étude préalable de marché, la BND devrait atteindre son seuil de rentabilité dès la 3e année d’exploitation. A termes, elle pourrait élargir son capital à d’autres collectivités territoriales. Onze communes avaient initialement manifesté leur intérêt à en devenir actionnaire mais seules deux ont finalisé leur souscription à cette étape. Le ministre Pierre Hélé n’a pas caché son souhait de voir davantage de collectivités locales rejoindre l’initiative, dans un pays où la décentralisation reste un enjeu opérationnel majeur.

Le BND s’inscrit également dans la suite des états généraux sur la gestion des déchets en milieu urbain tenu en mai 2025. Ces assises avaient insisté sur la nécessité d’une gouvernance renouvelée du secteur et sur le développement de mécanismes économiques pour améliorer les performances du système. La nouvelle structure permettra non seulement de stimuler un marché encore embryonnaire, mais aussi d’inciter à l’innovation en matière de recyclage, de traitement et même d’exportation de déchets transformés. En filigrane, le projet porte aussi une dimension financière. Les capitaux investis sont destinés à générer des retours pour les actionnaires, tout en assurant un service environnemental.

En dotant ses villes d’un outil stratégique de valorisation des déchets, le Cameroun ne se contente plus de répondre à l’urgence environnementale : il transforme un enjeu urbain complexe en levier de transformation économique et sociale. Une impulsion décisive pour faire émerger des territoires plus résilients, plus sobres et pleinement engagés dans la construction d’un modèle de développement durable à l’échelle locale et nationale.

Rédaction
Rédaction
Média multi-support édité par l’Agence Rhéma Service, cabinet de communication et de stratégie basé à Douala, Business & Finance International regroupe des partenaires internationaux issus du monde des médias, des affaires et de la politique, mus par la volonté de fournir une information vraie, crédible et exploitable pour un investissement sûr en Afrique.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici