(BFI) – Le Trésor public camerounais lance, à compter du 17 mars 2025, un programme d’émissions d’obligations du Trésor assimilables (OTA) sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), l’institut émission des six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA). Ce programme, qui s’étend jusqu’au 31 mars 2025, vise à mobiliser auprès des investisseurs des financements d’un montant total de 145 milliards de Fcfa, révèle-t-on à la direction générale du Trésor du ministère des Finances.
Pour ce faire, six émissions d’OTA (titres de long terme servant généralement à financer des projets d’investissements, NDLR) sont prévues, pour des maturités allant de 3 à 7 ans. Dans le cadre de chacune des opérations, les enveloppes à mobiliser oscillent entre 20 et 25 milliards de Fcfa. Les taux d’intérêts proposés aux investisseurs sont quant à eux compris entre 6% et 6,75% pour les titres de 3 ans, 4 ans et 5 ans de maturité, et 7,5% pour les titres d’une maturité de 7 ans, apprend-on officiellement. L’on note une certaine générosité du gouvernement camerounais dans le cadre de cette opération de recherche des financements, notamment en ce qui concerne les taux d’intérêts servis aux investisseurs.
En effet, en proposant une rémunération de 6% sur les titres de 3 ans, 6,5% et 6,75% sur les titres de 4 et 5 ans respectivement, puis jusqu’à 7,5% sur des titres de 7 ans de maturité, le Trésor camerounais, connu pour sa politique de prudence sur les taux d’intérêts, s’arrime à la réalité d’un marché de plus en plus exigeant en termes de rémunération des investisseurs. C’est que, à partir de la fin d’année 2021, avec l’implémentation d’une politique monétaire rigide par la BEAC, dont le but était d’assécher les banques pour combattre l’inflation galopante à cette époque, les coûts des emprunts sur le marché des titres publics se sont envolés.
Défaut de paiement
De ce fait, elle est désormais lointaine, l’époque où, comme aimait à rappeler le directeur général du Trésor au ministère des Finances, Sylvester Moh, « le Cameroun (était) le seul pays au Sud du Sahara, qui s’endette encore à des taux d’intérêt de moins de 3% pour les titres de courte maturité (Bons du Trésor assimilables ou BTA) et de moins de 7% pour les maturités longues (OTA) ». Pour preuve, a confessé le ministre des Finances le 13 février 2025 à Douala, lors de la présentation aux investisseurs du programme de financement de l’État pour l’année courante, les taux d’intérêts sur les bons du Trésor du Cameroun (titres de court terme servant généralement à pallier les difficultés de trésorerie, NDLR) ont plus que doublé entre 2020 et 2024. Passant de 2,67% en 2020 à 6,33% en 2024. Ce qui révèle une augmentation de plus de 100%.
En ce qui concerne les OTA, le coût moyen des émissions du Cameroun sur le marché de la banque centrale s’est par exemple établi à 7,2% en septembre 2023. Selon le rapport sur les statistiques mensuelles du marché des valeurs du Trésor, publié par la Cellule de règlement et de conservation des titres (CRCT) de la BEAC, il s’agissait alors du coût moyen le plus élevé sur les titres de moyen et long terme du Cameroun, depuis le lancement du marché des titres de la BEAC en 2011.
Au demeurant, en dépit de cette révision à la hausse des taux d’intérêts servis aux investisseurs, à cause de conditions du marché devenues de plus en plus difficiles, le Cameroun demeure le pays qui s’endette le moins cher sur le marché monétaire de la Cemac. En raison de la crédibilité de sa signature. En effet, rappelle-t-on au ministère des Finances, depuis le lancement du marché des titres publics en 2011, le Trésor public camerounais n’a enregistré aucun défaut de paiement, le pays s’arrangeant toujours à rembourser ses différents emprunts « à bonne date », souligne le ministre Motazé.
Avec Investir au Cameroun