(BFI) – Selon les projections de la direction générale des douanes (DGD) du ministère des Finances, l’instauration dans la loi de finances 2023 d’une taxe à l’exportation des fèves de cacao à partir du Cameroun devrait générer entre 20 et 25 milliards de FCFA de recettes au Trésor public en 2023.
« Sans préjudice des redevances applicables, les fèves de cacao exportées sans transformation sont soumises à un droit de sortie autonome au taux de 10% de la valeur FOB. Ce taux est de 2% pour les fèves de cacao exportées vers les points francs industriels ou les régimes assimilés », souligne la loi de finances 2023.
Cette nouvelle disposition découle d’une prescription présidentielle, contenue dans la lettre circulaire relative à la préparation du budget de l’État pour l’exercice 2023, signée le 23 août 2022 par le président de la République, Paul Biya. Ce dernier prescrivait notamment au gouvernement de mettre en œuvre, dès l’année 2023, « une politique de taxation à l’exportation qui tient compte du niveau réel de transformation des biens », afin « d’encourager davantage les exportations des produits finis manufacturés “made in Cameroon”, au détriment de ceux exportés à l’état brut ».
La taxation des exportations de fèves au Cameroun, apprend-on de sources proches du dossier, répond surtout aux plaintes de certains broyeurs, dont les usines ont du mal à s’approvisionner en fèves sur le marché local. Ceci malgré les investissements consentis, et qui répondent au vœu du gouvernement de voir la filière cacao, en particulier, et l’économie camerounaise, en général, produire davantage de plus-value.
En effet, malgré l’arrivée sur le marché de la transformation locale de fèves de deux nouveaux opérateurs cumulant une capacité de broyage d’au moins 80 000 tonnes, à savoir Atlantic Cocoa (48 000 tonnes extensibles à 64 000 tonnes) et Neo Industry (32 000 tonnes), la filière cacao au Cameroun reste dominée par les exportations de fèves. Par exemple, selon les données compilées par l’Office national du cacao et du café (ONCC), les exportations de fèves de la saison 2021-2022 (217 107 tonnes) représentent deux fois et demie le volume transformé localement (86 850 tonnes).
Au-delà de la taxation des exportations de fèves consacrée par la loi de finances 2023 de l’État du Cameroun, suggère un opérateur de la filière, « peut-être que pour encourager la montée en puissance des usines qui se sont installées, il va falloir que l’État pense à instaurer la méthode des quotas à exporter et à transformer localement ».
Vanessa Eboulie