(BFI) – Le cacao rouge du Cameroun a déjà franchi plusieurs étapes en vue de sa labélisation par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) alors que le produit a été inscrit en 2019 sur la liste des produits pouvant bénéficier d’une indication géographique (IG).
Le chef du service des indications géographiques, des dessins et modèles et autres signes distinctifs à l’OAPI, Michel Gonomy, a expliqué lors du colloque international sur le développement des indications géographiques en Afrique, tenu du 17 au 19 avril 2024 à Douala que « Certaines étapes se sont révélées nécessaires et préalables avant de lancer la demande d’enregistrement. Étant un produit structurant avec un marché très averti, celui des chocolatiers et des confiseurs, nous avons décidé de développer deux argumentaires pour promouvoir le label cacao rouge du Cameroun »
Michel Gonomy affirme qu’une étude scientifique a démontré que certaines régions du Cameroun, notamment le Centre, le Sud, le Sud-Ouest et l’Est, présentent des facteurs caractéristiques qui confèrent au cacao une coloration « beaucoup plus rouge », caractéristiques inexistantes dans la région du Nord. « Partant de cette spécificité et de la réputation du cacao, il était nécessaire de développer une étude de marché qui a révélé que le cacao rouge du Cameroun possède un fort potentiel de revenus », poursuit-il. Toutefois, sur le plan scientifique, il s’est avéré nécessaire de pousser l’analyse plus loin en déterminant le seuil de coloration du cacao rouge pour répondre aux exigences du marché européen. « C’est pour cette raison que le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) a demandé une analyse complémentaire en laboratoire et l’acquisition d’un instrument permettant de définir précisément ce seuil de coloration. Ces deux éléments sont en cours de réalisation », explique le chef du service des indications géographiques, des dessins et modèles et autres signes distinctifs à l’OAPI.
Si cette analyse se révèle concluante, révèle-t-on à l’OAPI, cela pourrait ouvrir la voie à la labélisation du cacao rouge du Cameroun. La date exacte n’est pas fixée, mais l’OAPI estime qu’une démarche normale vers l’indication géographique est complexe et prend en moyenne entre 5 et 7 ans. Ce qui laisse supposer que le processus pourrait se prolonger après 2024, année de clôture de la phase 2 (2017-2024) du Projet d’appui à la mise en place des indications géographiques dans les 17 États membres de l’OAPI (PAMPIG), piloté par l’OAPI et financé à hauteur de 3,5 millions d’euros (plus de 2,2 milliards de FCFA) par l’Agence française de développement (AFD) avec l’assistance technique du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD). Cependant, Michel Gonomy, qui est également responsable du PAMPIG, envisage une troisième phase du projet qui pourrait potentiellement aboutir à la labélisation en IG du cacao rouge du Cameroun.
L’objectif, selon les informations reçues par le média Investir au Cameroun, est de « protéger ce cacao tout en lui conférant une reconnaissance et une protection juridique institutionnelle ». À travers cette dualité juridique et économique, expliquent les experts de l’OAPI, l’Indication géographique permettra de positionner le cacao rouge du Cameroun sur un segment de marché haut de gamme et d’en augmenter le prix. Cette valorisation résulte de l’instauration d’une prime de qualité par l’État du Cameroun, destinée à répondre aux normes et aux exigences de qualité du marché international pour le cacao exporté.
Selon l’OAPI, la dernière convention signée en 2020 entre le club des chocolatiers engagés et les producteurs de cacao du Cameroun a permis d’augmenter le prix du kilogramme de cacao de 1 640 FCFA à 4 225 FCFA en 2024, établissant ainsi un record mondial pour le prix de la fève. Cette hausse est en partie due à une baisse de production prévue chez les deux principaux producteurs mondiaux, la Côte d’Ivoire et le Ghana. Cependant, l’OAPI souligne que cette embellie reflète également « la qualité de la fève du Cameroun, qui devrait continuer de prendre de la valeur suite à sa labélisation ».