(BFI) – Avec un nouveau décret publié en avril 2025, le Burkina Faso permet à l’État et aux investisseurs locaux d’acquérir jusqu’à 45 % des parts dans les sociétés minières industrielles. Cette orientation rappelle la stratégie du Mali, fondée sur une plus forte souveraineté sur les ressources minérales.
Mi-avril 2025, le gouvernement burkinabè a adopté un décret ouvrant le capital des sociétés d’exploitation minière industrielle à l’État et aux investisseurs locaux. Ce texte précise les modalités d’application de l’article 66 du code minier adopté en 2024. Il prévoit une participation gratuite de 15 % pour l’État, qui peut ensuite acquérir au moins 30 % supplémentaires à titre onéreux, seul ou en partenariat avec des acteurs nationaux. Un modèle similaire a permis au Mali de collecter plus de 800 millions USD en 2024, grâce à une réforme minière et un redressement fiscal ciblé.
Au Burkina Faso, la nouvelle réglementation rend possible une prise de contrôle majoritaire par l’État. En 2024, Ouagadougou a déjà acquis les mines Boungou et Wahgnion. Aucune nouvelle cible n’a été annoncée, mais une renégociation des conventions minières existantes reste juridiquement envisageable.
Ce virage s’inscrit dans une tendance régionale visant à renforcer la souveraineté sur les ressources naturelles et à redistribuer davantage les bénéfices de l’or. Il suscite toutefois des incertitudes, notamment sur le coût d’acquisition des parts et sur l’avenir des contrats en cours.
Vers une prise de contrôle majoritaire de l’État
Théoriquement, le gouvernement pourrait ainsi obtenir plus de la moitié du capital des sociétés exploitant les mines d’or industrielles, contre une participation actuelle de 10 % dans la plupart des mines d’or. L’idée d’une prise de contrôle de certaines mines d’or du pays a d’ailleurs été évoquée par le Premier ministre lors d’une intervention à la télévision nationale fin avril. Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo a déclaré que la politique de nationalisation des mines d’or allait se poursuivre, après l’acquisition en 2024 des mines d’or Boungou et Wahgnion.
Aucune précision n’a été apportée sur les prochaines opérations ciblées. Mais l’exemple malien donne une idée du chemin que pourrait emprunter Ouagadougou. Le Mali a modifié en 2023 son code minier pour porter à 35 % la part réservée à l’État et aux investisseurs locaux, contre 20 % auparavant. Initialement perçue comme non rétroactive, la réforme a finalement été appliquée à plusieurs projets existants.
C’est notamment le cas des mines de lithium de Bougouni et Goulamina, ainsi que du projet aurifère Kobada, où Bamako a revu les conventions minières et obtenu en 2024 une part de 30 %, complétée par 5 % pour les acteurs locaux. Au Burkina Faso, un responsable du ministère des Mines laisse entendre que le gouvernement peut légalement entreprendre une renégociation des conventions minières, en s’appuyant sur l’alinéa 7 de l’article 306 du code minier. Celui-ci autorise le ministre chargé des Mines à renégocier toute convention minière en cours, même avant son expiration, ce qui inclut potentiellement les permis déjà attribués.
Cette dynamique s’inscrit dans un mouvement régional de nationalisme des ressources. Outre l’augmentation de sa participation dans les mines, le Mali a obtenu 500 milliards FCFA (846 millions $) en 2024 auprès des compagnies minières, et visait 750 milliards FCFA supplémentaires début 2025 au titre d’impôts et de redevances impayées.