(BFI) – Dans le dernier rapport de la Banque mondiale sur la transparence de la dette publique, publié en février 2025, le Bénin s’arroge, sans conteste, la première place parmi les 78 pays éligibles aux financements de l’Association internationale de développement (Ida). Une distinction rare, à la fois technique et symbolique, qui consacre l’excellence d’une gouvernance financière méthodiquement construite depuis plusieurs années et désormais saluée au plus haut niveau international.
Ce classement d’élite résulte d’une évaluation rigoureuse portant sur neuf indicateurs clés, réunis au sein du «Debt Reporting Heat Map». Cette grille de lecture scrute la qualité des données publiées par les États. Il s’agit de leur accessibilité, leur exhaustivité, leur actualisation, mais également de la clarté des engagements hors-bilan, la fréquence des rapports sur la viabilité de la dette ainsi que la diffusion des stratégies à moyen terme. Le Bénin est à ce jour, le seul pays à avoir obtenu le score maximal sur l’ensemble de ces critères, s’imposant comme une véritable référence pour les économies émergentes.
En effet, ce résultat n’est ni le fruit du hasard ni celui d’un embellissement statistique. Il incarne la montée en puissance d’un appareil administratif réformé, d’une ingénierie budgétaire affûtée et d’une volonté politique ferme de faire de la transparence un pilier de la souveraineté économique. En publiant avec régularité des données détaillées sur l’endettement, y compris celles des entreprises publiques non garanties par l’État, en documentant précisément ses passifs éventuels, en élaborant et rendant publics ses plans annuels d’emprunt (Abp) et stratégies de gestion de la dette (Dms), le Bénin démontre que rigueur et performance peuvent converger.
Cette distinction de la Banque mondiale ne se limite pas à une gratification institutionnelle mais confère au pays un avantage comparatif réel sur les marchés internationaux de capitaux. Elle renforce par dessus tout la crédibilité de sa signature, diminue ses primes de risque et offre un cadre prévisible aux partenaires techniques et financiers. Mieux encore, elle légitime une trajectoire d’endettement pensée non comme un fardeau, mais comme un levier structurant au service du développement. L’analyse de viabilité de la dette (Avd), régulièrement actualisée et rendue publique, atteste que la soutenabilité de l’endettement béninois repose sur des hypothèses prudentes, une discipline d’exécution et une vision stratégique de long terme.
Le gouvernement, sous la houlette du président Patrice Talon, réaffirme ainsi son engagement à consolider cette dynamique vertueuse où la dette n’est plus un tabou, ni une fatalité mais devient un instrument au service de la transformation structurelle, à condition d’être maîtrisée, documentée et assumée. Dans un contexte africain où la confiance des marchés reste volatile et où la soutenabilité des finances publiques est scrutée avec sévérité, le Bénin apporte la preuve qu’un petit État peut, par la qualité de sa gouvernance, s’imposer comme une référence.
La publication de ce rapport est une invitation à persévérer, mais aussi à inspirer. Car si la transparence budgétaire est une exigence croissante des bailleurs, elle est surtout, en dernière analyse, un devoir démocratique envers les citoyens. Le leadership du Bénin en la matière ne doit pas être seulement célébré. Il mérite d’être consolidé, enrichi et pourquoi pas, partagé.
Placide Onguéné
