(BFI) – Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Dr Akinwumi Adesina, a déclaré que la plus importante leçon à tirer de la pandémie de Covid-19 pour l’Afrique est la nécessité de mettre en place un mécanisme de protection contre les chocs extérieurs, en particulier dans les domaines de la sécurité sanitaire et financière.
« Investir dans la santé, c’est investir dans la sécurité nationale, a déclaré Dr Adesina aux dirigeants africains samedi, à l’ouverture de la 35e assemblée de l’Union africaine dans la capitale éthiopienne. L’Afrique ne peut se permettre de confier la sécurité sanitaire de ses 1,4 milliard de citoyens à la bonne volonté d’autrui. »
Le président de la Banque a déclaré que le continent aura besoin de 484 milliards de dollars au cours des trois prochaines années pour faire face aux impacts socio-économiques de la pandémie de Covid-19 et soutenir la reprise économique.
Dr Adesina a énoncé trois priorités stratégiques pour la mise en place d’un système de protection sanitaire en Afrique : construire des infrastructures sanitaires de qualité, développer l’industrie pharmaceutique du continent et accroître la capacité de fabrication de vaccins. Il a ajouté que la Banque africaine de développement prévoit d’investir trois milliards de dollars pour soutenir la capacité de production de produits pharmaceutiques et de vaccins en Afrique.
Évoquant d’autres domaines critiques pour le continent, tels que la gestion de la dette, Dr Adesina a déclaré : « La dette publique de l’Afrique, estimée actuellement à 546 milliards de dollars, représente le quart du PIB du continent et est supérieure au total combiné des recettes publiques annuelles qui s’élève à 501 milliards de dollars. »
Dr Adesina a déclaré que le Fonds Africain de développement le guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement, a accordé 8,5 milliards de dollars de financement aux pays à faible revenu au cours des cinq dernières années.
Appelant les dirigeants de l’Union africaine à soutenir fermement la 16e reconstitution des ressources du Fonds en 2022, Dr Adesina a indiqué qu’une restructuration du mode de financement du Fonds africain de développement lui permettrait d’aller sur les marchés de capitaux pour optimiser ses 25 milliards de dollars de fonds propres et ainsi lever 33 milliards de dollars supplémentaires pour financer les pays à faible revenu.
Le président du Groupe de la Banque africaine de développement a rappelé aux dirigeants africains qu’ils avaient demandé que les droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI réalloués à l’Afrique soient canalisés vers la Banque africaine de développement, détenteur agréé de DTS.
« Canaliser les DTS réalloués à l’Afrique vers la Banque africaine de développement sera très utile pour l’Afrique, car cela permettra d’exercer un effet de levier financier et aidera à recapitaliser d’autres institutions financières africaines, dont un grand nombre ont été créées avec le concours de la Banque », a-t-il déclaré.
Dr Adesina a réitéré ses appels en faveur d’un mécanisme africain de stabilité financière, afin de constituer des réserves de liquidités qui protégeront le continent contre les chocs financiers et économiques. Il a déclaré que les autres continents disposent de tels mécanismes, et que seule l’Afrique en est dépourvue. Il a expliqué que cela avait engendré des effets de contagion et une instabilité généralisée au niveau régional, résultant des chocs financiers induits par le Covid-19. « Les économies africaines doivent être protégées », a-t-il souligné.
Dans un discours prononcé lors de la séance plénière du sommet, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a déclaré que la pandémie de Covid-19 avait mis en évidence l’impréparation de l’Afrique aux chocs extérieurs tels que les nouveaux virus. Il a ajouté que le recul de 2,1 % de la croissance de l’Afrique constitue une régression pour le continent et une menace pour la réalisation de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Plusieurs chefs d’État et de gouvernement ont parlé de l’impact socio-économique du Covid-19 sur leur pays et des mesures qu’ils prennent pour lutter contre le virus et répondre à d’autres défis. Le pays hôte, l’Éthiopie, qui est confronté à de nombreux défis, a réalisé d’importants investissements dans la production de blé et est en passe d’atteindre son objectif de 20 milliards d’arbres plantés d’ici 2022. Le Premier ministre Abiy Ahmed a déclaré que l’initiative atténuerait les effets du changement climatique.
L’année 2022, déclarée « Année de la nutrition » par l’Union africaine, est axée sur le renforcement de la résilience en matière de nutrition et de sécurité alimentaire sur le continent africain. En collaboration avec le Fonds international de développement agricole et la Commission de l’Union africaine, la Banque africaine de développement a lancé la Facilité pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique, lors du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires en 2021. Dr Adesina a déclaré que la facilité « mobilisera un milliard de dollars pour soutenir la fourniture de technologies résistantes au changement climatique à 40 millions d’agriculteurs et produire 100 millions de tonnes métriques de nourriture pour nourrir 200 millions de personnes. » Il a ajouté que « cela réduira de 80 % le nombre de personnes en proie à la faim en Afrique. »
Dr Adesina a appelé à accélérer la mise en œuvre de mesures favorisant le développement rapide de l’Afrique et a laissé percer une note d’optimisme. « Grâce à votre leadership audacieux et visionnaire, une Afrique nouvelle est en train d’émerger. Tout comme l’aigle s’élève au-dessus des tempêtes, l’Afrique s’élèvera et accomplira son destin. L’Afrique est destinée à la grandeur », a-t-il affirmé.