(BFI) – Les autorités sud-africaines se sont dites opposées aux projets du service de messagerie mobile WhatsApp de modifier ses conditions de confidentialité pour partager ses données avec sa maison mère Facebook, estimant qu’elles violent la législation sud-africaine.
En janvier, WhatsApp a donné un mois à ses quelque deux milliards d’utilisateurs pour accepter de nouvelles conditions d’utilisation lui permettant de partager plus de données avec Facebook, sous peine de ne plus pouvoir accéder à leur compte.
Face au tollé mondial et aux craintes exprimées par les utilisateurs concernant leurs données personnelles, WhatsApp a retardé de trois mois, au 15 mai, la date limite pour les accepter, le temps de tenter de rassurer.
Contraire aux lois sur la protection des informations personnelles
Le régulateur de l’Information d’Afrique du Sud (IR) a estimé le 03 février que les nouvelles conditions d’utilisation que WhatsApp veut imposer à ses utilisateurs violaient la loi sud-africaine sur la protection des informations personnelles.
Selon ces nouvelles conditions d’utilisation, les commerçants conversant sur WhatApp avec des clients pourront partager des données avec Facebook, permettant au groupe de mieux cibler la publicité.
WhatsApp a défendu ces nouvelles règles, assurant qu’elles n’affectaient pas la confidentialité des messages échangés avec amis et famille, mais étaient avant tout destinées à aider les entreprises à mieux communiquer avec leurs clients via la plateforme, notamment pour leur permettre d’y vendre directement leurs produits.
Une différenciation incompréhensible entre l’Europe et l’Afrique
« WhatsApp ne peut pas, sans l’autorisation préalable de l’IR (…) traiter la moindre coordonnée de ses utilisateurs pour un but autre que celui pour lequel le numéro était spécifiquement prévu lorsqu’il a été enregistré », indique l’IR dans un communiqué. Notre législation est très similaire à celle de l’UE
Le régulateur sud-africain s’est également dit « très inquiet » du fait que les utilisateurs de l’Union européenne, protégés par la législation et donc exemptés de l’obligation d’adhérer à ces nouvelles conditions, bénéficient de fait d’une meilleure protection de leur vie privée que les utilisateurs africains. « Notre législation est très similaire à celle de l’UE », a souligné le patron de l’IR, Pansy Tlakula, « nous ne comprenons pas pourquoi Facebook a adopté cette différenciation entre l’Europe et l’Afrique ».
L’IR indique avoir invité Facebook à une rencontre pour en discuter et s’assurer de la conformité des nouvelles conditions d’utilisation à la loi sud-africaine.
Près de 200 millions d’utilisateurs en Afrique du Sud
Très utilisé pour différents usages comme les chaînes de messages informatifs (ou de fake news), les appels et messages vocaux ou l’échange de documents, WhatsApp comptait près de 200 millions d’utilisateurs sur le continent en 2018. Son taux de pénétration parmi les propriétaires de smartphones est de 97 % au Kenya, de 96 % en Afrique du Sud et de 95 % au Nigeria.