(BFI) – Cette année et l’année prochaine, la croissance économique attendue en Afrique est respectivement de 3,7% et 4,3%, d’après les estimations livrées jeudi, dans un rapport, par la Banque africaine de développement (BAD).
C’est une perspective prometteuse au regard de l’environnement international marqué par des tensions multiples : le conflit russo-ukrainien, les effets du changement climatique et les conséquences encore perceptibles de la crise sanitaire de covid-19 sont autant de pesanteurs sur lesquelles les experts se sont appuyés pour admettre que dans ces circonstances difficiles, le continent fait preuve de résilience. Sur ce critère de croissance, l’Afrique est classée au deuxième rang des régions du monde après l’Asie.
Faudrait-il s’en contenter et mettre la croix sur les réformes destinées à rendre cette tendance pérenne ? Au contraire, car il existe des risques de retour en arrière : « Si la résistance de l’Afrique face aux vents contraires mondiaux est une évolution bienvenue, il reste des défis à relever non seulement pour renforcer la croissance du continent, mais aussi pour faire en sorte que cette croissance entraîne une transformation économique et sociale durable dans la vie et les moyens de subsistance des populations », souligne le rapport.
Au fond, le continent a encore du chemin à parcourir avant d’espérer cueillir les fruits de ses importantes richesses naturelles. L’une des réformes consiste à investir dans le capital humain en ciblant les secteurs qui profitent au plus grand nombre de personnes. Le classement établi par région note que l’Afrique de l’Est tient le peloton de tête avec une croissance d’environ 4,9% et 5,7% sur les deux ans, devant l’Afrique centrale 4,1% et 4,7%, l’Afrique de l’Ouest, 4,2% et 4,4%, l’Afrique du Nord, 3,6% et 4,2%, l’Afrique australe, 2,2% et 2,7%.
Pour ce qui est du Congo, pays d’Afrique centrale, le rapport reste positif sur « les développements macroéconomiques récents », avec la reprise qui s’est renforcée l’année dernière (3,9% de croissance contre 1,7% en 2022). De « bons » chiffres contrariés par « l’accumulation d’arriérés temporaires et par la restauration encore en cours des arriérés intérieurs ». Si la croissance en 2024-2025 est estimée à 4,3% et 4,4% grâce aux ressources pétrolières et aux investissements dans l’industrie du gaz, les experts plaident pour que cette embellie soit « plus inclusive pour réduire les taux estimés de pauvreté (en 2023) à 48% et de chômage à 21,8% ».
De façon globale cependant, il est à noter que » la composition sectorielle de la croissance économique et de l’emploi en Afrique n’a pas changé depuis les années 1990, que l’agriculture, levier important de la croissance, n’emploie à ce jour que près de la moitié de la main-d’œuvre, tandis que la plupart des pays dépendent encore essentiellement des exportations des matières premières témoignant leur vulnérabilité devant l’instabilité des prix et des chocs extérieurs « .
En parlant de transformation, le pari est de parvenir à « l’industrialisation des économies africaines, la création d’emplois dans le secteur manufacturier, l’augmentation de la productivité, la diversification des exportations et des sources de croissance économique, la mise en place de l’économie numérique, le renforcement de l’efficacité et de la responsabilité des institutions, l’investissement dans les ressources humaines, l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets », relève la BAD.
Aux décideurs étatiques du continent de s’engager encore un peu plus pour que le plaidoyer en faveur de « la transformation de l’Afrique et la réforme de l’architecture financière mondiale » porté par les techniciens soit adopté par les partenaires concernés. Les disparités entre les pôles économiques mondiaux ne pouvant être complètement éradiquées, le bonheur de l’humanité en revanche doit être envisagé de façon inclusive.