(BFI) – Les économies africaines sont résilientes, c’est ce qui ressort des analyses des experts de l’Agence française de développement (AFD) qui publient en ce début d’année leurs analyses et prévision pour 2023. Mais les défis à relever restent nombreux.
Pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, flambée des prix des denrées, le portefeuille des Africains n’a pas été épargné ces trois dernières années. 2023 s’annonce heureusement sous des meilleurs auspices, comme le pense Thomas Melonio, directeur exécutif de l’innovation, de la stratégie et de la recherche à l’AFD.
« En 2023, le revenu par habitant en Afrique va retrouver et même dépasser le niveau de 2019. On sort enfin des conséquences de la crise Covid, même s’il y a encore des aspects sanitaires, donc ça, c’est un motif d’espoir », explique Thomas Melonio. « Mais il y a des défis. Par exemple, les conditions de financement sont plus difficiles en ce moment pour les pays africains. Pour autant, le continent revient sur une tendance positive et à absorber le choc Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine. »
La grande interrogation concerne l’approvisionnement en engrais, notamment pour les pays qui vivent des cultures de rente comme le coton.
On observe déjà un début de baisse du prix des engrais, mais pas encore un retour à la situation qui était celle de 2019-2022. On va avoir une normalisation, mais comme elle est tardive, il ne faut pas minimiser l’impact du coût des engrais sur les productions qui en utilisent beaucoup. Je remarque quand même que pour l’agriculture vivrière produite en Afrique, il y a un moindre recours aux engrais. Peut-être que les producteurs africains de produits vivriers pourront donc fournir à la population africaine une alimentation suffisante. Faut-il encore qu’elle soit bien répartie et à des prix décents. Mais du côté des volumes de production vivrière, les inquiétudes sont plus modérées que sur les cultures de rente.
Un tableau assombri par un endettement croissant et une remontée des taux d’intérêt
L’un des enjeux pour les pays africains sera de trouver les financements nécessaires pour faire tourner les économies. La remontée des taux d’intérêt, et l’endettement croissant assombrissent le tableau. À cet égard, les analystes de l’AFD conseillent aux États d’accroître les recettes fiscales en travaillant davantage avec le secteur informel.
« Avant de taxer l’informel, il faut lui proposer des solutions et notamment une protection sociale. Et mettre en place des taxes qui leur bénéficieront sans les affecter eux-mêmes », explique Hélène Djoufelkit, directrice du département Diagnostics économiques et politiques publiques à l’AFD. « Et une fois qu’ils ont ces protections, là, on peut les taxer progressivement, et leur assurer qu’une fois formalisées, ils pourront s’insérer dans des chaînes de valeur globale, comme une sorte de quota réservé aux PME pour les passations d’appels d’offres. »
Le financement des économies africaines et de la relance seront au centre d’une rencontre internationale, initiée par la France, en juin prochain.