(BFI) -Depuis deux mois, les envois ou réceptions commencent à subir les contrecoups de la pandémie du Covid-19.
Selon un dirigeant d’une entreprise de transfert de fonds au quartier Anguissa, les transactions internationales ont drastiquement baissé depuis le début de la pandémie. Pas besoin d’un dessin pour mieux comprendre que l’activité est vraiment en chute libre. Samedi 24 avril dernier, le local était presque vide. Seules quelques trois ou quatre personnes sont présentes, « alors qu’en temps normal, le point de transferts est plein. On fait même souvent travailler trois caissières pour aller plus vite », explique notre source. Ce jour, une seule caissière effectue le service, les deux autres ayant été mises en chômage technique.
Au quartier Mvog-Mbi où on trouve plusieurs services de transfert de fonds, on constate un calme inhabituel. Même si les caissiers sont à leur poste, ils semblent se tourner les pouces pendant que les clients se font rares. Une des employés explique que la veille, le quota journalier d’envoi d’argent n’avait même pas été atteint. « Jusqu’à 15 h, on n’avait eu que dix personnes, contre une quarantaine habituellement ». Toujours dans le même coin, une autre caissière déplore le manque d’affluence depuis près de deux mois. « Je suis seule à recevoir les clients qui envoient ou reçoivent de l’argent. J’ai peur pour mon emploi. Le propriétaire doit assurer les charges et ce n’est pas évident pour lui », explique-elle.
Il faut dire que l’on ne déplore pas seulement la baisse d’opérations d’envoi, car même la manne financière venant de la diaspora a aussi drastiquement diminué. Un expert financier explique que les ménages et les services de transfert d’argent sont les plus touchés, car l’activité connaît actuellement une chute qui pourrait même se traduire par la fermeture de certaines agences de transfert et surtout de pertes d’emplois.
Dans un journal international, un économiste indique que les transferts effectués par les migrants à leurs proches restés au pays représentaient, en 2019, un volume global de près de 550 milliards de dollars (332 mille milliards de F) à l’échelle de l’ensemble du monde en développement. « Cette année, ce chiffre risque d’être très en deçà », pense-t-il.
Un économiste rencontré dans une agence de transfert explique que le coronavirus a pratiquement touché tous les secteurs économiques du monde. « Les points de transferts d’argent et même les virements subissent les dégâts collatéraux de cette situation », soutient-il. A en croire notre interlocuteur, si cette situation perdure, cela risquerait de fragiliser le secteur. « Pour les pays à revenu faible ou intermédiaire, ces transferts constituent souvent une source de devises importante pour le pays qui reçoit », conclut l’expert en économie.
Omer Kamga