(BFI) – L’évènement Cemac’s Market Awards (Ccma), en sa 3e édition, se prépare sous l’égide de La Lettre Sarl, dirigée par Salomon Douala Epalle. Un point de presse s’est tenu à cet effet le 14 mars 2025 à Douala, au siège de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), en présence de Dr Louis Banga Ntolo, Directeur général de cette institution qu’accompagnait la société de bourse Emrald Securities Services (ESS Bourse S.A), partenaire de l’évènement.
Cette initiative vise à reconnaître les contributions significatives au marché financier dans la zone Cemac, encourageant ainsi les acteurs de la bourse à partager leurs performances financières. La 3e édition, qui se tiendra du 8 au 9 avril 2025, a pour thème central « Actionnariat Populaire en Afrique Centrale : Contours, enjeux et défis » car selon les organisateur, « l’actionnariat populaire participe de l’inclusion financière élargie aux titres de marché ; il constituerait au même titre que l’inclusion bancaire, un vecteur de la croissance économique et la justice sociale ».
Le colloque de cet évènement de haut niveau vise à identifier les enjeux politiques, juridiques, sociaux, microéconomiques de l’actionnariat populaire afin d’en projeter les contours qu’il convient pour les économies des pays de la Cemac et explorer les mécanismes performants et autres mesures à prendre pour favoriser le développement d’une épargne financière au service de la résilience de nos économies.
Dans le contexte africain actuel, Salomon Douala Epalle souligne que l’actionnariat populaire pouvait paraître voué à l’échec, en raison de la position dominante des groupes étrangers peu enclins à favoriser l’essor d’un capitalisme populaire local, de la réticence des capitaines d’industrie locaux à ouvrir le capital de leurs sociétés à des investisseurs autres que « familiaux », de la propension de certains gouvernements à vouloir maintenir dans le giron de l’Etat, les entreprises publiques du secteur marchand ou à les céder bien souvent aux seuls investisseurs étrangers.
Pour Dr Louis Banga Ntolo, l’actionnariat populaire est « un facteur de socialisation » car il participe à l’inclusion financière et au renforcement de la solidarité entre les citoyens. « Ça permet aussi à ce que les populations de la Cemac puissent participer à la gouvernance des entreprises, de prendre part à des assemblées, de donner leur point de vue dans l’orientation de la gestion et de sécuriser la performance des entreprises » a-t-il déclaré.
Dans la mouvance de la création ou du développement des bourses des valeurs, les Etats mettent en place des incitations de tout ordre à l’entreprenariat collectif par l’ouverture du capital social des entreprises au large public des investisseurs tant institutionnels que de particuliers. Des programmes d’éducation financière sont initiés ou encouragés pour promouvoir la culture boursière au sein des populations. Le phénomène de l’actionnariat populaire est une réalité qui s’affirme de plus en plus sur le continent, depuis son amorçage dès les années 1980 en côte d’Ivoire dans le cadre de la politique gouvernementale d’Ivoirisation du capital.
En Afrique centrale par contre, la dynamique est à la traine. Certaines législations notamment au Cameroun et au Gabon admettent la possibilité de cession des actifs public à une ou plusieurs entité (s) privée (s), sans accorder expressément une place de choix au public des épargnants locaux. Bien que le tableau des introductions en bourse présente quelques exemples de cessions des participations publiques par le marché financier, les privatisations d’entreprises publiques pour des raisons multiples. La gestion des programmes de privatisation parfois entachée d’insuffisance technique et opérationnelle souffre d’une perception à la limite négative, tant parmi les opérateurs privés nationaux que parmi les populations.
Le présent colloque a ainsi pour objectif général de mettre en commun les approches juridique, économique, politique, sociologique, technologique et socio-anthropique de l’actionnariat populaire afin de procéder à son évaluation et celle de son encadrement politique et juridique, de faire converger lesdites approches et de proposer des pistes de solutions pour un système financier favorable à l’actionnariat populaire, gage de la souveraineté économique des Etats.
Outre la Bvmac, l’événement attire le soutien d’autres institutions, dont Emrald Securities Services Asset Management Bourse, filiale du groupe Emrald Securities Services, agréée par la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf). Leur participation témoigne de la crédibilité et de la rigueur de l’organisation des Ccma.
André Noir