(BFI) – La CEMAC traverse une période économique complexe, marquée par des défis structurels et des opportunités de croissance. Les pays membres s’efforcent de stimuler leur développement économique malgré des contraintes telles que les fluctuations des prix des matières premières, les tensions politiques et les difficultés infrastructurelles.
Dans ce contexte, les banques commerciales jouent un rôle fondamental en fournissant des capitaux nécessaires pour les investissements et le développement économique. Cependant, une tendance préoccupante se dessine : ces institutions financières privilégient souvent le financement de la dette publique, perçue comme un investissement sûr et à faible risque, au détriment du soutien à la croissance économique par le financement des entreprises privées et des projets d’infrastructure.
Cette priorité accordée au financement de la dette publique a des répercussions significatives sur l’économie régionale. Premièrement, elle réduit la disponibilité des crédits pour les entreprises privées, limitant ainsi leur capacité à investir et à se développer. Aussi, elle peut engendrer une dépendance excessive des gouvernements vis-à-vis des banques commerciales pour le financement de leurs dépenses, compromettant ainsi la stabilité financière à long terme.
Pour stimuler une croissance économique durable, il est essentiel qu’elles rééquilibrent leur portefeuille d’investissements en faveur des secteurs productifs. Cela implique une diversification des financements, avec une plus grande part allouée aux projets d’infrastructure, aux PME, et aux initiatives innovantes. Elles doivent également renforcer leur rôle de soutien aux entreprises en phase de croissance, facilitant ainsi l’accès au crédit et aux services financiers.
La BEAC a mis en œuvre plusieurs mesures pour renforcer la stabilité financière et stimuler la croissance économique dans la zone CEMAC. Parmi ces mesures figurent l’augmentation des taux de réserves obligatoires pour les banques commerciales, le lancement d’obligations vertes pour promouvoir des investissements durables, le renforcement de la surveillance bancaire pour assurer la conformité réglementaire, et la promotion des partenariats public-privé (PPP) pour soutenir les projets d’infrastructure. Ces initiatives visent à créer un environnement financier plus stable et à favoriser une croissance économique durable dans la région.
In fine, la zone CEMAC se trouve à un tournant décisif où l’équilibre entre le financement de la dette publique et le soutien à la croissance économique doit être soigneusement géré. Un secteur bancaire dynamique et diversifié, soutenant activement les projets de développement et les entreprises innovantes, est essentiel pour assurer une croissance économique inclusive et durable dans la région.
Darly Nguema, Analyste financier