(BFI) – Le groupe NSIA a présenté mardi 22 décembre dernier ses résultats pour l’exercice 2019, une année plutôt fructueuse avant la crise provoquée par la Covid-19. Malgré le contexte actuel, la firme entend confirmer son leadership dans la bancassurance en Afrique de l’Ouest et Centrale. Pour nos lecteurs, la directrice générale Janine Kacou Diagou argumente ces prévisions, revient sur les performances du groupe et évoque, entre autres, le rôle catalyseur que pourrait jouer la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) dans le développement du secteur de la bancassurance.
L’année 2020 marque les 25 ans du groupe NSIA. Quel bilan faites-vous de ce qu’a été ce parcours d’un quart de siècle ?
Tout d’abord, c’est une très grande fierté partagée par l’ensemble des équipes. Il faut se rendre compte du chemin parcouru depuis seulement 1995, lorsque notre PDG Jean Kacou Diagou lançait l’entreprise familiale la Nouvelle Société Interafricaine d’assurance en Côte d’Ivoire avec 10 salariés et un capital de 300 millions de francs CFA, aujourd’hui devenu NSIA, le leader de la bancassurance en Afrique de l’Ouest et Centrale, implanté dans 12 pays avec 2 800 salariés.
La leçon que j’en tire, c’est l’importance d’une vision à long terme conjuguée à une gouvernance de haut niveau. Même si notre croissance a été rapide, elle s’est construite progressivement dans le cadre d’un plan stratégique de développement avec des ressources humaines qualifiées à tous les niveaux. Prendre le temps de l’analyse des écosystèmes, se donner les moyens d’investir pour garantir les rendements à long terme plutôt que de viser de la rentabilité à court terme sont des éléments déterminants pour le succès d’une entreprise de la taille de la nôtre.
Le groupe vient de dévoiler ses résultats 2019. Quels sont les chiffres clés à retenir ?
L’année 2019 a été une excellente année opérationnelle, nous ayant permis de renforcer notre solidité financière peu avant le déclenchement de la crise économique du Covid-19 que nous connaissons aujourd’hui.
Ainsi, en 2019, nous avons augmenté le capital social de la Holding à hauteur de 30 milliards de FCFA, tandis que notre total bilan était en hausse de 9%, passant à 1 654 034 millions de FCFA, renforçant ainsi notre crédibilité financière aux yeux des investisseurs et des agences de notation.
Je tiens à souligner que nos deux pôles banques et assurances ont contribué à cette performance en 2019 : +7 487 millions de FCFA de résultat net pour le pôle assurances et +6 139 millions de FCFA pour le pôle bancaire.
Plus que jamais, l’année 2019 a confirmé notre place de leader dans la bancassurance dans nos pays d’implantation, place qui devrait se confirmer en 2020 et 2021.
2020 a été marquée par la pandémie de Covid-19 qui a provoqué un ralentissement inédit des affaires. Comment le secteur de l’assurance en Afrique, dans lequel votre groupe est largement investi, a-t-il vécu cette crise ? Quels vont être les plus grands défis de ce secteur dans le contexte de relance ?
Cette pandémie est un tournant dans le secteur des assurances en Afrique. En conséquence du choc sanitaire, beaucoup de secteurs d’activités se sont retrouvés à l’arrêt. Le pôle Assurance du groupe NSIA n’a pas échappé à ce phénomène. Nous avons enregistré de bonnes performances, mais qui auraient été plus importantes si nous n’avions pas eu cette pandémie mondiale.
Nous avons tiré des leçons de cette situation et nous nous sommes réinventés en développant davantage le volet Digital. Nous avons assisté nos clients par des offres de compensations d’activité, pour ceux qui y avaient souscrit (Assurance perte d’exploitation). Nous avons également par le biais de la Fondation NSIA contribué à la lutte contre l’expansion de la COVID-19 avec un don cumulé de près de 400 millions de FCFA. Nous avons puisé dans nos ressources pour résister au choc, mais il nous parait important de relever que l’action de nos différents Etats pourrait renforcer la prise en charge de ce sinistre au niveau des populations.
Outre la bancassurance, le groupe NSIA qui fait également dans l’immobilier. Implanté dans 12 pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, comment le groupe entend-t-il accompagner la relance économique dans chacun de ces marchés ?
Tout d’abord, je tiens à saluer la grande réactivité des régulateurs, qui ont immédiatement pris des mesures pour assurer la stabilité financière face à la crise de Covid-19, ce qui devrait réduire les risques de défaillance systémique des systèmes bancaires.
Avec les régulateurs et les gouvernements, nous travaillons en étroite collaboration afin de contribuer à la relance de l’économie dans chacun de nos pays d’implantation. Conscient de notre rôle pour financer l’économie, le Groupe NSIA va continuer d’orienter sa stratégie de financement vers l’économie réelle, en particulier les PME. Tout l’enjeu pour nous est d’éviter un resserrement du crédit bancaire avec une forte réduction du nombre de nouveaux prêts risquant d’aggraver la récession tout en étant vigilants sur la situation des entreprises que nous accompagnons.
Nous travaillons également avec les bailleurs de fonds internationaux, comme en témoigne l’octroi d’un prêt sur un an d’un montant de 25 millions d’euros à NSIA Banque Côte d’Ivoire en juillet dernier par la Société financière internationale, membre du Groupe de la Banque mondiale, afin de permettre à notre filiale ivoirienne de consentir de nouveaux crédits pour financer le commerce ou les besoins en fonds de roulement des entreprises à court de liquidités. Le Groupe NSIA continue de se recentrer sur son cœur de métier qui est la Banque et l’Assurance.
Après une année difficile à l’échelle mondiale, comment entrevoyez-vous 2021, à l’aune de l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) ? Que représente, selon vous, ce marché de 1,7 milliard de consommateurs pour le secteur de la bancassurance ?
2021 doit être l’année du rebond pour les économies africaines, après une année 2020 qui a ralenti quelque peu notre trajectoire de croissance. Et pour cela, la Zlecaf doit être plus que jamais une priorité pour les pays africains. Cette crise économique a encore révélé notre trop grande exposition aux chocs extérieurs. Une meilleure intégration régionale nous permettra de mieux répondre à ce type de crise, aussi bien sur le plan économique que sanitaire.
En tant que groupe de bancassurance, nous y voyons déjà une immense opportunité liée à la démographie du continent, compte tenu de l’émergence d’une importance classe moyenne dans tous les pays africains avec un pouvoir d’achat croissant. Cette classe moyenne va être de plus en plus demandeuse de produits d’assurance et bancaire pour accompagner ses besoins.
Enfin, une meilleure intégration économique avec la libre circulation des capitaux devrait contribuer à une accélération de la consolidation du secteur. Aujourd’hui, ceux qui disposent déjà de fonds propres solides et d’outils digitaux performants sont les plus à mêmes à faire face aux transformations à venir du marché.
Vous présidez par ailleurs la Fondation BJKD qui internationalisera dès 2021 son prix pour l’entrepreneuriat jeune, avec l’ambition d’accompagner plus de 1 000 projets dans les prochaines années. Qu’est-ce qui motive cette orientation ?
Tout d’abord, je crois que la réussite professionnelle doit toujours s’allier avec des convictions personnelles. Cela a commencé en militant pour la mise sur pied de la Fondation NSIA qui œuvre principalement dans l’éducation de nos enfants depuis 2014. De plus, en tant que personnalité du monde économique engagée en faveur du développement de notre continent, je porte évidemment une forte attention aux entrepreneurs africains qui contribuent à la transformation de nos économies.
Bien que chaque pays africain a ses spécificités, je crois que les entrepreneurs africains font face à des défis communs : difficulté de financements, accès à l’énergie, obstacles administratifs… Et pour autant, la créativité et l’innovation africaine sont sans équivalent dans le monde, avec un écosystème entrepreneurial témoignant d’une forte résilience en ces temps de crise. En internationalisant ce prix, je veux mettre à l’honneur les entrepreneurs africains, particulièrement les femmes, qui construisent dès aujourd’hui l’avenir de l’Afrique.