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« La titrisation est une opportunité pour l’Afrique » Massou Yasmine BOUA, PDG de Joseph Titrisation SA

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(BFI) – Massou Yasmine BOUA, est la fondatrice et Présidente Directrice Générale de Joseph Titrisation SA, Société de gestion de Fonds Commun de Titrisation de Créances (FCTC), agréée par le CREPMF, Autorité de régulation des marchés financiers de la zone UEMOA. Mme BOUA dispose d’une solide expertise en structuration et gestion de fonds de titrisation acquise tout au long de son parcours professionnel qui a débuté en 2008 à Paris chez Eurotitrisation, Société de Gestion française, pionnière en matière de titrisation avec un actif sous gestion d’environ 70 milliards d’euros. Au sein de cette entreprise, elle est intervenue sur une variété de fonds dans le cadre de transactions classiques et synthétiques adossées sur des créances bancaires (prêts immobiliers et crédits à la consommation) et des créances commerciales dans les secteurs du leasing, des télécoms, des services, de l’industrie pharmaceutique et du financement d’équipements.

Vous avez fondé JOSEPH TITRISATION, une société de gestion de Fonds Commun de Titrisation de Créances, pourquoi avez-vous pris le pari de vous lancer dans ce secteur et quelles sont les activités que mène votre entreprise ?

Nous sommes partis du constat selon lequel bon nombre de pays et d’acteurs économiques de la zone UEMOA ont placé depuis les années 2000, le recours au marché financier au cœur de leurs stratégies de développement. Nous avons ainsi pu relever le rôle primordial que joue le marché financier dans le financement des économies ouest africaines depuis ces décades et en particulier le financement du secteur privé régional.   Les opportunités offertes par ce marché représentent un réel relais de croissance pour nos acteurs économiques. Toutefois, les défis demeurent nombreux à relever et la titrisation apparaît comme un instrument particulièrement intéressant à exploiter à cet effet. Ces dernières années ont été prolifiques pour la titrisation sur notre marché local avec la réalisation de plusieurs opérations à destination d’Etats et d’entités privées. Ces levées de fonds sur le marché financier via ce canal témoignent de la nécessité de diversifier l’offre des produits financiers ainsi que de la valeur ajoutée par cette technique pour les entreprises, les souscripteurs et autres acteurs du marché.

Consciente des opportunités qu’offre ce segment pour notre économie, nous avons décidé de mettre notre expertise d’une dizaine d’année en la matière au service du financement des entités publiques et privées de la zone, en créant Joseph Titrisation SA, agréée courant 2020 par le CREPMF en plein contexte de pandémie. Cette expérience a été acquise en Europe et sur le marché régional depuis mon retour en Côte d’Ivoire il y a quelques années. Notre entité est indépendante, ce qui nous donne l’autonomie nécessaire pour adopter une vision long terme, nous investir aux cotés de nos clients et créer des solutions financières innovantes à destination des établissements financiers (banques, microfinance et sociétés de crédits), des entreprises commerciales de toute taille ainsi que des Etats de la zone UEMOA. Nous disposons de l’expertise métier nécessaire grâce aux compétences de nos équipes en matière d’origination, de structuration, de gestion et de conseil en titrisation. Notre mission consiste à concevoir des opérations sur mesure avec le double objectif de répondre aux besoins de nos clients (refinancement, levée de fonds, transfert des risques) tout en tenant compte des contraintes de nos investisseurs.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la titrisation ? En quoi consiste son mécanisme ?

La titrisation est une technique financière qui permet à une entité publique ou privée de se financer grâce aux créances dont elle dispose sur ses contreparties. Comme nous le revendiquons au sein de notre société à titre de devise, si vous avez des créances, nous avons certainement votre financement.  L’entité peut ainsi financer sa trésorerie, ses investissements, se restructurer… grâce à ses créances et son portefeuille de clients. Dans le cadre de l’opération de titrisation, l’entité publique ou privée appelée communément cédant ou originateur procède à la cession à un Fonds Commun de Titrisation de Créances (FCTC), d’un portefeuille de créances dont elle dispose ainsi que les droits/obligations qui s’y rattachent en échange d’un paiement comptant du montant du prix de cession. Pour financer la transaction d’acquisition de créances, des titres sont émis sur le marché financier par le FCTC puisque celui-ci, créé dans le seul but de réaliser cette opération de titrisation, ne dispose pas de ressources propres. Les titres sont ainsi acquis par les investisseurs qui se faisant, bénéficieront alors d’un rendement gagé sur les flux financiers de la créance, avec un rapport risque-rendement optimisé.  Le cédant dispose quant à lui d’un financement de marché, sans avoir eu recours à une émission obligataire. Ce financement présente pour avantage de ne pas peser sur le niveau d’endettement.  En théorie, tout actif qui génère des flux de trésorerie peut faire l’objet d’une titrisation : prêts, loyers, créance commerciale, règlement, stocks une vente… jusqu’aux créances futures qui offrent la garantie, à terme, d’un flux de trésorerie.

Quels avantages, une entreprise peut-elle avoir en ayant recours à la titrisation de ses créances ?

La titrisation est une technique financière innovante qui constitue une alternative aux canaux traditionnels de financement proposés aux entités privés et publiques. Plusieurs avantages sont liés à la technique notamment : l’amélioration des ratios de liquidité (relatifs aux normes prudentielles de BaleII/III), un financement sur le marché financier sans impact sur l’endettement mais aussi la diversification des sources de financement adossé à un portefeuille de créances. La titrisations se révèle être également un outil de financement régulier et compétitif et permet le transfert du risque de crédit …

Comment ce mécanisme est-il encadré ?  Existe-t-il un organisme de régulation ou de surveillance de ces activités ?

Le pivot d’une opération de titrisation est une société de gestion de FCTC. Dans la zone UEMOA, exercer en tant que société de gestion est une activité règlementée qui nécessite un agrément de l’autorité de marché de la zone UEMOA, le CREPMF. De plus, chaque opération est analysée par le régulateur et doit obtenir un visa avant sa mise en place sur le marché. Tout cet encadrement permet entre autres, de protéger les investisseurs dans le cadre d’un Appel Public à l’Epargne (APE).

On a accusé la titrisation d’être à l’origine de la crise financière mondiale de 2008, ne faut-il pas utiliser cet instrument avec précaution surtout en Afrique ?

En effet, la titrisation a été étroitement liée à la crise financière de 2008 dite crise des « subprimes ». Cependant, il est important de préciser que cette crise est une combinaison de plusieurs facteurs qui sont aujourd’hui identifiées (des crédits octroyés à des populations vulnérables combinés à une crise immobilière). Vous remarquerez que le niveau des opérations de titrisation est reparti à la hausse, ces dernières années, en Europe et aux Etats Unis. En tirant les leçons de cette crise, nous pourrions aisément préserver notre jeune écosystème en la matière de toute défaillance. Chez Joseph Titrisation, nous avons pris le parti de nous inspirer du label européen STS qui désigne des opérations de titrisation Simples, Transparentes et Standardisées (STS).

Selon vous, comment peut-on assurer à la titrisation un meilleur essor en Afrique, notamment dans sa partie sub-saharienne francophone ?

La titrisation est une opportunité pour l’Afrique subsaharienne et précisément pour la zone UEMOA qui dispose d’un cadre règlementaire depuis 2010. En effet, elle permet d’une part aux investisseurs institutionnels disposant de moyens considérables de financer l’économie réelle et d’autre part à toute entité privée ou publique disposant d’un portefeuille de créances de qualité de diversifier ses sources de financement. Pour notre part, assurer un meilleur essor à cette technique reviendrait d’une part à faire évoluer la règlementation (des travaux sont en cours chez le régulateur à cet effet) et de l’autre à promouvoir la technique afin de susciter l’intérêt des entités privées et publiques en vue de réaliser des opérations d’envergure. Joseph Titrisation a décidé d’initier l’information et la formation de notre écosystème par le lancement du premier forum dédié à la technique qui s’est déroulé le 02 décembre dernier à Abidjan et qui a rencontré un franc succès.

Africabusinessmag

Rédaction
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