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“La sortie progressive d’EY en Afrique francophone est une évolution vers une gouvernance 100 % Africaine” Eric N’Guessan 

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EY Amorce une transformation importante en Afrique Francophone. Que représente concrètement ce tournant pour la région ?

Comment ce partenariat contractuel va-t-il fonctionner concrètement ?

Après une période de transition (« cooling off ») durant laquelle les interactions seront très limitées, nous pourrons, dès la deuxième année renouer dans une certaine mesure et dans le respect de règles d’indépendance avec toutes formes de coopération avec EY. Cette collaboration portera notamment sur la coordination des interventions locales pour les clients internationaux (« inbounds »), qui continueront d’être servis par nos réseaux, même si les opportunités viennent d’EY. Le respect des standards d’indépendance et de qualité reste fondamental, car nous sommes tous deux, EY et FSSA, des acteurs majeurs de l’audit. Nous poursuivrons aussi les échanges de bonnes pratiques avec nos homologues dans le monde, ce qui est crucial pour accompagner nos clients sur des projets transfrontaliers. Ce nouveau cadre favorise une collaboration encadrée, respectueuse des règles et bénéfique pour toutes les parties.

Qu’est-ce Qui Change et Qu’est-ce Qui Ne Change pas ?

Ce qui change : plus d’autonomie de gestion pour les associés, plus d’agilité pour les collaborateurs, et un accompagnement client plus local, rapide, tout en respectant les standards internationaux. Ce qui reste : notre ADN de 70 ans d’excellence – rigueur et éthique – avec nos équipes, nos implantations, un fort engagement local dans neuf pays (Côte d’Ivoire, Sénégal, Guinée, Cameroun, Tchad, Congo, RDC, Gabon, Guinée équatoriale), onze bureaux et environ 900 professionnels. Notre engagement sociétal – notamment sur l’inclusion, la formation et les transitions économiques et environnementales et les objectifs de développement durable – reste central. Nous devenons un acteur africain autonome, agile et local, avec des standards mondiaux.

Ce couvel acteur Africain sera-t-il identifié via une nouvelle marque ?

Oui, nous sommes effectivement dans le processus de création et de lancement de nouvelles marques pour chacun des deux réseaux. Elles seront révélées au plus tard le 1er mai 2026. Ces marques, actuellement en cours de création avec le soutien d’experts en branding et de nos équipes internes, auront des identités fortes porteuses de notre exigence de qualité et en phase avec notre ambition pour l’Afrique francophone. Il ne s’agira donc pas de structures sans nom, mais bien de deux entités clairement identifiées. À l’issue de la transition, la marque EY ne sera plus utilisée, et ces nouvelles marques prendront pleinement le relais.

Combien de clients comptez-cous cujourd’hui en Afrique Francophone ? Et cuel est le poids économique de cet ensemble ?

Nous reprenons l’intégralité de la base clients existante, avec un transfert structuré des données, ce qui garantit une continuité totale des activités. Actuellement, le cluster FSSA regroupe environ 500 engagements en cours. Au fil des années, nous avons accompagné plusieurs milliers de clients des secteurs public et privé, ce qui nous permet de conserver une position de leader dans la plupart des pays où nous opérons. Cette dynamique va se renforcer, notamment grâce à la création de la nouvelle firme dédiée aux métiers du conseil, qui pourra accélérer sa croissance en s’affranchissant des contraintes liées au métier d’audit. En termes de chiffre d’affaires, EY Afrique francophone a dépassé les 50 millions d’euros de revenus annuels lors du dernier exercice clos, avec des marges solides et une performance maîtrisée sur l’ensemble des lignes de service.

Comment cette annonce a-t-elle été reçue par vos clients, partenaires et les autorités locales ?

La réaction a été très positive, à plus de 99 %. Bien sûr, l’annonce a surpris, mais sans provoquer de rejet. En amont, nous avons mené un travail de communication discret mais intensif : rencontres avec les autorités, y compris certains chefs d’État, échanges avec les régulateurs, les PDG de nos sociétés clientes, et nos partenaires internes. À ce jour, aucun refus ni opposition n’a été constaté. Les seules interrogations légitimes portent sur notre capacité à maintenir la qualité demain, ce à quoi nous répondons avec clarté. Certains acteurs du marché nous ont même confié qu’ils s’étonnaient que cette évolution n’ait pas eu lieu plus tôt.

Une séparation de ce type est souvent délicate. Comment expliquez-vous que le retrait progressif de la marque EY se fasse ici de manière aussi sereine et concertée ?

Ce projet n’est pas né d’une rupture avec EY, mais d’une volonté conjointe. Le processus s’est donc construit dans un climat de confiance et de consensus. Plusieurs éléments en témoignent, notamment une longue période de transition jusqu’au 1er mai 2026, un soutien actif d’EY pour mettre en place les nouvelles plateformes africaines, et l’absence de tout problème de conformité, donc de qualité lors des audits internes menés par le réseau EY. Une équipe projet bipartite dédiée a coordonné l’ensemble, garantissant une transition fluide. Il ne s’agit donc pas d’un désengagement imposé, mais d’un accord mûrement réfléchi et mutuellement bénéfique. Pour EY, l’enjeu était de simplifier sa structure mondiale. Pour nous, c’était l’opportunité de gagner en agilité, d’accélérer notre capacité d’innovation locale, et de continuer à offrir à nos clients communs des standards de qualité parmi les plus élevés du marché. Cette convergence de besoins a permis une transition harmonieuse et constructive.

Avez-vous des projets concrets en tant que nouveaux réseaux ?

Absolument. Notre ambition majeure est de soutenir le développement de l’Afrique en devenant par exemple un catalyseur de la fiabilité des données sur le continent. À travers notre branche consulting, nous voulons créer une plateforme qui centralise et sécurise des données fiables, accessibles aux États et aux acteurs privés. Cela facilitera l’attraction d’investissements directs, déjà importants, mais encore perfectibles grâce à une meilleure visibilité. En outre, notre branche Transactions se concentre sur l’accompagnement des entreprises dans leurs opérations de fusion-acquisition, de cession et de restructuration. Grâce à une expertise approfondie et une approche stratégique, nous aidons nos clients à maximiser la valeur de leurs transactions tout en minimisant les risques. Avec nos professionnels du métier de l’expertise comptable, nous assurerons la production d’états financiers fiables, normés et conformes aux exigences réglementaires. Cela permettra aux clients de prendre des décisions éclairées, de renforcer leur crédibilité vis-à-vis des partenaires financiers et de faciliter l’accès au financement. Nous visons à devenir le cabinet de référence des gouvernements et entreprises africains, avec lesquels nous avons déjà engagé des discussions au plus haut niveau. Notre force réside dans notre ancrage local, combiné à l’appui du réseau EY jusqu’en avril 2026, pour un impact durable et concret sur le marché africain.

Quelles perspectives pour l’émergence de ce Cabinet 100 % Africain ?

La confiance est au cœur de ce projet. Forts de l’expérience acquise avec EY, nous abordons cette transition avec une base solide et l’ambition de bâtir deux firmes panafricaines solides et pérennes, portées par nos talents et tournées vers l’avenir. C’est une opportunité unique pour nos associés et jeunes professionnels de bâtir des firmes africaines fondées sur l’excellence et l’ancrage local, qu’ils légueront aux générations futures. Aux autorités, nous disons : vous avez désormais un partenaire africain engagé, sérieux, discipliné, pleinement aligné avec les priorités de développement du continent et avec une forte prise en compte du contenu local. Je crois profondément en ce projet, que j’ai contribué à construire avec EY, nos associés et nos équipes. Nos collaborateurs y croient aussi et les opportunités sont nombreuses. Ensemble, organisés et déterminés, nous allons faire émerger dans une histoire inédite deux firmes indépendantes, solides et créatrices de valeur pour l’Afrique.

Forbes Afrique

Rédaction
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Média multi-support édité par l’Agence Rhéma Service, cabinet de communication et de stratégie basé à Douala, Business & Finance International regroupe des partenaires internationaux issus du monde des médias, des affaires et de la politique, mus par la volonté de fournir une information vraie, crédible et exploitable pour un investissement sûr en Afrique.

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