(BFI) – La Société nationale de raffinage (Sonara) affiche un résultat net positif après impôts de 78,9 milliards de FCFA en 2021 peut-on lire dans un communiqué publié le 7 juillet 2022 par Mme Ndoh Bertha née Bakata, présidente du conseil d’administration de l’unique raffinerie du Cameroun ravagée par un incendie en 2019.
Ce bénéfice contraste avec les pertes enregistrées en 2019 et 2020 respectivement de 107,3 milliards et 10 milliards de FCFA, selon les données de la Commission technique de réhabilitation (CTR) des entreprises du secteur public et parapublic du ministère des Finances.
Coup de pouce de l’Etat
L’entreprise n’explique pas ce bond de performance. Mais à l’observation, elle serait la conséquence des mesures mises en place par l’Etat (actionnaire majoritaire avec 96% des parts) en 2020, pour permettre la restructuration de la dette de la Sonara. Certaine de ces mesures devraient en effet permettre à la société publique d’augmenter ses marges.
Il s’agit de l’octroi au raffineur public de la couverture de 80% des importations des produits pétroliers avec une marge fixe de 16 FCFA par litre et l’élaboration d’une nouvelle structure des prix des produits pétroliers intégrant une ligne « soutien à la raffinerie », afin d’assurer à l’entreprise une marge supplémentaire minimale de 47,88 FCFA par litre en vue de couvrir ses charges.
Selon la CTR, le Cameroun a consommé 1,86 milliard de litres de produits blancs (super, gasoil, pétrole lampant) en 2020. En intégrant le fait que les besoins augmentent chaque année de plus ou moins 5%, on approche les 2 milliards de litre de produits blancs consommés en 2021.
Situation délicate
Sur cette base, la Sonara a gagné l’année dernière près de 25 milliards de FCFA comme importateur de carburants et près de 95 milliards au titre du « soutien à la raffinerie », soit en tout près de 120 milliards de FCFA. En soustrayant de cette somme, les charges sociales, financières (qui ont été lissées notamment avec la restructuration de la dette due aux banques et voire aux traders) et fiscales, il est possible que la Sonara ait pu dégager un bénéfice de 78,9 milliards de FCFA en 2021.
Mais la situation de l’entreprise reste délicate. Ses capitaux propres restent négatifs et se situent à -99,4 milliards de FCFA, selon le communiqué de son président du conseil d’administration. En d’autres termes, pour sortir de la « situation de faillite » au sens de l’Acte uniforme de l’Ohada, les actionnaires de la Sonara doivent injecter dans l’entreprise 99,4 milliards de FCFA.
Les 78,9 milliards de FCFA de bénéfice, obtenus en 2021, vont-ils servir à cela ? On n’a pas de réponse pour l’instant. Mais l’État, qui a choisi de reconstruire la raffinerie par un partenariat public-privé a-t-il le choix ? Pas si sûr. Il faut, en effet, rendre la prétendante attirante pour séduire un partenaire.
Remy Ngassana