(BFI) – La dynamique actuelle de la population africaine aura une influence significative sur la démographie mondiale : en 2100, l’Afrique représentera 80 % de l’augmentation prévue de la population globale. La croissance exponentielle du nombre d’individus en âge de travailler sur le continent crée de nouvelles opportunités qui, si adéquatement exploitées grâce à l’essor du numérique, pourront mener à la réalisation d’un dividende démographique.
Le concept de dividende démographique fait référence à une fenêtre d’opportunités qui s’ouvre lorsque la population en âge de travailler (entre 15 et 64 ans) d’un pays est plus importante que la population dépendante (moins de 15 ans et plus de 64 ans). Ce paradigme, lorsqu’il est concomitant avec une phase d’industrialisation, constitue un puissant accélérateur pour le développement d’un pays ou d’une région.
Des opportunités d’emplois décuplées par le numérique
Certains travaux (**) centrés sur l’impact de l’amélioration de l’accès à Internet sur l’emploi en Afrique mettent en avant trois canaux de transmission de cet effet : la productivité, la création d’entreprises, et l’augmentation des exportations. Leurs résultats confirment ainsi le potentiel d’Internet en matière de création d’emploi, et plus particulièrement d’emplois qualifiés à destination de travailleurs qualifiés. Ces conclusions s’expliquent par l’augmentation de la productivité des firmes, de la création d’entreprises ainsi que des exportations grâce à la transformation digitale entamée depuis plusieurs années par les économies africaines – et considérablement accélérée par la crise de la Covid-19.
Cette dernière constitue pour le continent un accélérateur de développement sans équivalent. En 2019, on constatait par exemple que la population bénéficiant d’une couverture 4G était passée de 23,8 à 57,9, en seulement cinq ans. La pénétration du numérique dans tous les interstices des écosystèmes économiques africains constitue une véritable chance pour le continent, en ce qu’elle est pourvoyeuse d’emplois : rien que dans le domaine de la cybersécurité, une étude menée par Cybersecurity Ventures fait état 3,5 millions d’emplois vacants liés à ce domaine, dans le monde entier. Un secteur porteur, et une possibilité d’émancipation concrète pour la population jeune et dynamique du continent africain.
Investir dans les infrastructures numériques et former les jeunes talents
Cependant, c’est la mise en œuvre de mesures visant à réduire la fracture numérique qui fera de la révolution digitale un tremplin vers le dividende démographique en Afrique. En effet, le continent ne pourra se saisir pleinement des opportunités qu’offre le numérique sans des investissements substantiels dans les infrastructures, provenant d’acteurs économiques publics comme privés. Ces derniers doivent fournir des produits et des solutions de réseau innovants et de pointe, sécurisés et fiables, capables d’accélérer le développement de l’économie numérique dans les pays de la région, dans les zones connectées comme dans les espaces reculés. En ce sens, Huawei a par exemple déployé la solution innovante RuralStar – visant à réduire considérablement les coûts de construction et de déploiement du réseau dans les zones rurales et permettant de connecter plus de 1000 villages et plus de 2 millions de personnes – en RDC, en Éthiopie, en Guinée et au Cameroun.
La formation des talents est elle aussi essentielle dans le processus de réduction de la fracture numérique en Afrique. Les jeunes issus du continent gagneraient plus que jamais acquérir des connaissances pointues en matière de Routing & Switching, Cloud Computing, IP, IT, 5G, IA, afin de pouvoir se saisir des emplois de demain. En ce sens, les organisations clés des économies africaines doivent une fois encore investir dans des projets et initiatives qui respectent les stratégies numériques de chaque pays, tout en encourageant les jeunes talents à se saisir des possibilités qu’offre le digital pour soutenir la croissance économique et le développement de l’Afrique.
Un continent tourné vers l’avenir
Aujourd’hui, 800 millions d’Africains ont moins de 25 ans, pour un âge médian de 19 ans. D’ici 2030, 30 millions de jeunes arriveront chaque année sur le marché du travail du continent. Si les défis auxquels l’Afrique fait face sont immenses, tout laisse penser que le potentiel du continent va lui permettre d’être la locomotive du XXIe siècle : abondance d’énergies renouvelables, tissu économique composé des TPE/PME de plus en plus résilient, une jeune génération toujours plus attirée par l’entreprenariat (72 %) (***)…
A l’image du modèle de décollage économique des tigres et dragons asiatiques, l’Afrique peut, grâce au numérique, et surtout à des investissements et politiques judicieuses, réaliser un dividende démographique, et atteindre, par là même, le développement qui lui est promis.
Adnane Ben Halima, Vice-président en charge des relations publiques pour la région Méditerranée de Huawei Northern Africa
(**) Michaels et al, 2014 ; Akerman et al, 2015 ; Acemoglu et Restrepo, 2016
(***) Jean-Michel Severino et Jérémy Hajdenberg, co-auteurs du livre «Entreprenante Afrique»