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« La polygamie, c’est avant tout un choix » Nafissa Yougang Tame, directrice générale de l’Organisation des femmes pour l’Islam sans frontière

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(BFI) – Nafissa Yougang Tame, directrice générale de l’Organisation des femmes pour l’Islam sans frontière et directrice du Centre de formation Ombrage des jeunes filles musulmanes.

Quelle est la mission du Centre de formation Ombrage des jeunes filles musulmanes (Ojefim) ?

Notre organisation fait dans la promotion de la femme et de la jeune fille à travers certains domaines tels que la santé (lutte contre le VIH/sida et le paludisme), l’éducation (autonomisation de la jeune fille à travers l’apprentissage de métiers générateurs de revenus), la culture (échanges avec des donateurs qui invitaient des jeunes filles à passer quelques années en Turquie, question de leur ouvrir l’esprit). Notre centre de formation Ojefim a été créé en 2011 par ma feue mère, la présidente, qui a utilisé les locaux familiaux, afin de permettre à la jeune fille d’avoir un havre où elle pouvait apprendre un métier, qu’elle soit mariée ou célibataire. A l’époque, nous fonctionnions avec le système d’internat pour permettre à la jeune fille de prendre soin de sa famille sans toujours compter sur un homme.

Comment abordez-vous la question du mariage polygamique au sein de votre Centre ?

La polygamie, bien qu’étant une autorisation divine, est avant tout un choix. C’est ce que nous avons voulu inculquer à nos jeunes filles. Si une jeune femme accepte de vivre dans un foyer polygamique, il faut qu’elle soit éduquée pour savoir comment évoluer dans ce contexte. Bien qu’ayant accepté de vivre dans un foyer polygamique, nous avons constaté que les femmes n’avaient pas toujours conscience qu’elles devaient faire face à de nouveaux sentiments. Il y a des polygamies qui marchent, et d’autres non. Les femmes musulmanes sont préparées à vivre dans des foyers polygamiques. Mais entre la préparation et la réalité, il y a un gap. Très souvent, nous organisons des causeries avec des jeunes femmes sur la polygamie. Nous essayons de faire comprendre à ces femmes qu’il faut qu’elles se comprennent soi-même d’abord, et se questionnent : suis-je prête à vivre dans un foyer polygamique ? Il faut communiquer avec son mari à ce sujet, et faire une introspection.

Il arrive que des femmes divorcent ou soient répudiées du mariage polygamique et se retrouvent sans moyen. Comment intervenez-vous à ce moment-là ?

C’est pour cette raison que nous avons créé le système d’internat, afin d’accueillir ce genre de cas. Ces femmes reçoivent une éducation professionnelle afin de pourvoir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Nous le faisons aussi bien pour les veuves, que pour les divorcées et répudiées. Cela leur permet de retrouver confiance en elles, ou encore s’approprier mieux les contours de l’Islam. Il est vrai que nous n’avons pas encore prévu de soutien psychologique, mais nous apportons des conseils, car notre organisation comprend des femmes expérimentées dans le domaine du mariage. Celles-ci programment des discussions, des conférences, et même des descentes dans les foyers. Les problèmes liés à la polygamie sont personnels, et il est difficile que les femmes s’expriment à ce sujet.

Rédaction
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