(BFI) – La future centrale hydroélectrique de Nachtigal est installée sur les rives du fleuve Sanaga, à une soixantaine de kilomètres au nord de Yaoundé. Elle doit être mise en service dans un an exactement, en septembre 2024. D’une puissance annoncée de 420 mégawatts, Nachtigal couvrira 30% des besoins en électricité du Cameroun.
Lancé en 2019, ce chantier colossal a mobilisé d’importants moyens humains, techniques et financiers. Avec un coût de près de 800 milliards de francs CFA, il est financé à 24% par fonds propres et à 76% par emprunt auprès d’institutions de développement internationales et de banques. C’est le plus important partenariat-public privé en cours sur le continent, dans le domaine de l’énergie.
« Si le Cameroun a réussi ce tour de force, ça veut dire qu’il y a déjà une crédibilité entre le Cameroun et ses bailleurs. Et ça, c’est très positif ». Pour le professeur Henri Ngoa Tabi, cette opération financière illustre la fiabilité du Cameroun, vis-à-vis de ses partenaires occidentaux, à commencer par la France. Enseignant à la faculté de sciences économiques et de gestion à l’Université Yaoundé II, il dirige le Laboratoire de recherche interdisciplinaire en économie du développement.
« Ce type de partenariat nous honore beaucoup. Pourquoi il nous honore ? Parce qu’à regarder de très près, il y a un transfert de compétences, il y a un transfert de technologies », dit-il. « La plupart des matériaux ont été acquis ici localement. Utiliser les matériaux au niveau local et ensuite transférer l’expérience, transférer la technologie, ce sont des partenariats que nous souhaitons et c’est visible », martèle-t-il. « Quand vous réalisez un tel projet, pour les populations, c’est quelque chose de visible. C’est quelque chose de concret et ils en parlent positivement. »
Utiliser des ressources locales
Acquérir les matériaux localement permet de réduire les coûts logistiques, notamment de transport. Un point non négligeable pour NGE, le groupe français de BTP mandaté pour construire Nachtigal. Pour Orso Vesperini, qui en est le directeur général délégué, « sur ce projet, tout est fait pour qu’on utilise des ressources locales. D’abord, les ressources hyper-locales. C’est-à-dire qu’on exploite les granulas sur le site pour faire les bétons. On fait donc vraiment de l’économie le plus proche du projet. Mais on a quelques parties à acheter à l’extérieur, notamment le bitume ».
Pour un tel projet, un bitume particulier – étanche – est indispensable. Mais le déclenchement de la guerre en Ukraine, en février 2022, met un coup d’arrêt aux importations. « À peu près à 60% de l’approvisionnement, le trafic a été interrompu », explique Orso Vesperini. « Le trafic avec la Russie, notamment, a été interdit. On a dû trouver des solutions locales pour faire de nouvelles formulations qui nous permis de trouver une nouvelle façon de faire cette couche bitumineuse, avec un bitume différent ».
Autre grand défi à surmonter : l’arrivée du Covid-19. Le chantier passe alors de 2 000 à 200 employés. Le projet prend du retard. La fin des travaux est annoncée pour septembre 2024, au lieu de 2023.
In RFI