AccueilThink tankComment-taireLa crise énergétique locale plonge le Cameroun dans le noir

La crise énergétique locale plonge le Cameroun dans le noir

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(BFI) – Depuis quelques jours, Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun, a renoué avec le rationnement de l’énergie électrique dans le pays revèle Investir au Cameroun. Dans pratiquement toutes les principales villes du Cameroun, des quartiers entiers sont sans électricité durant des heures, ou alors toute la journée. La situation est encore plus préoccupante dans les zones rurales, apprend-on de sources variées.

« L’ensemble du système électrique, dans ses segments production, transport et distribution, connaît des contraintes. Ceci entraîne un déficit énergétique qui est accentué par deux principaux facteurs : la saturation du réseau de transport ; la limitation de la production dans certaines centrales, soit pour maintenance, contraintes d’approvisionnement en combustibles, ou du fait de l’étiage », explique la compagnie d’électricité dans un communiqué daté du 21 février 2022.

Dans le détail, apprend-on de sources autorisées, le barrage de Memve’ele (région du Sud), qui ne débitait jusqu’ici qu’environ 90 MW sur les 211 MW attendus depuis bientôt 5 ans, a vu sa production chuter de façon drastique (35 MW) ces dernières semaines, en raison des contraintes hydrologiques consécutives à la rudesse de la saison sèche. Selon les prévisions des opérateurs du secteur de l’électricité, cette perte de 55 MW ne pourra pas être résorbée avant la mi-mars (début de la saison des pluies), voire le début du mois d’avril 2022.

Instructions gouvernementales

Dans le même temps, apprend-on de sources proches du dossier, les groupes de la centrale à gaz de Kribi, dans la région du Sud, ne produisent plus qu’environ 160 MW d’électricité, sur des capacités installées de 216 MW extensibles à 330 MW. A l’origine de la baisse de production d’environ 56 MW dans cette centrale contrôlée par Globeleq Africa, producteur indépendant d’électricité, se trouvent les travaux de maintenance des équipements, apprend-on.

Cependant, comment en est-on arrivé à programmer des travaux de maintenance dans cette infrastructure énergétique névralgique en plein d’étiage, période caractérisée par la baisse du niveau des eaux dans les barrages, et dont le corollaire est la baisse de la production dans les centrales hydroélectriques, qui sont alors généralement suppléées par les centrales thermiques et à gaz ?

« Pendant la Coupe d’Afrique des nations de football, outre l’instruction gouvernementale de réduire la consommation des industriels pour permettre d’alimenter les ménages en énergie, il y avait également l’instruction de ne pas opérer des actions de maintenance, ni en production, ni en transport et encore moins en distribution, pour ne pas perturber le service pendant la compétition. Maintenant, il est question pour les opérateurs de rattraper leurs objectifs de maintenance annuels, dans un contexte où les prestataires étrangers chargés d’effectuer ces travaux n’étaient pas mobilisables au plus fort de la pandémie du Covid-19 », explique une source proche du dossier.

Connexions frauduleuses

Résultats des courses, en combinant les travaux de maintenance en cours à la centrale à gaz de Kribi et des problèmes hydrologiques sur le fleuve Ntem, qui réduisent la production du barrage de Memve’ele, le réseau électrique camerounais a perdu au moins 110 MW de capacités. L’addition est davantage salée avec la saturation du réseau de transport, qui s’est d’ailleurs plusieurs fois effondré en 2021, en raison de la vétusté des équipements. Pour pallier cette saturation, la Société nationale d’électricité (Sonatrel) a récemment acquis une vingtaine de transformateurs, apprend-on de bonnes sources.

Mais, après des tentatives d’installation infructueuse de ces équipements, confie une source autorisée, la Sonatrel se préparerait à renvoyer ces transformateurs chez le fournisseur, à cause des défauts de fabrication qui y ont finalement été décelés. Ce qui implique que, fait remarquer un connaisseur du secteur de l’électricité, le retour d’une certaine stabilité sur le réseau national de transport de l’électricité n’interviendra pas de sitôt.

A tous ces écueils préjudiciables aux ménages et autres entreprises, dont les activités tournent désormais au ralenti, il faut ajouter, apprend-on, le rationnement du combustible destiné à l’approvisionnement des centrales thermiques, et « une augmentation subite de la demande d’électricité du fait des connexions frauduleuses au réseau », précise l’électricien Eneo.

Rédaction
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