(BFI) – Avec cette future bourse des matières premières agricoles de la Côte d’ivoire (BMPA CI), les échanges directs entre acheteurs et vendeurs de gré à gré seront remplacés par un marché des matières premières agricoles, où le prix sera fixé de manière transparente : selon l’offre et la demande.
« On compte démarrer cette année, pour une phase pilote de deux ans, avec les trois spéculations qu’on a retenues : la noix de cajou, la noix de cola et le maïs, précise Edoh Kossi Aménounvé, directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan (BRVM), qui chapeaute le projet. Et dans deux ans, on ira plus en profondeur, avec des nouveaux acteurs qui seront installés pour pouvoir piloter cette bourse ».
À terme, l’idée est d’élargir l’offre, avec, par exemple, le cacao. Et pourquoi pas d’étendre la bourse à toute l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Mais pour l’instant, il s’agit de permettre à Abidjan de mieux commercialiser ses produits phares. « L’agriculteur, il produit en Côte d’Ivoire, et on lui dit que son prix dépend des négociations, soit de la bourse de Londres en ce qui concerne le cacao, soit de la bourse de Kuala Lumpur, en ce qui concerne l’huile de palme. Donc il a du mal à comprendre ces mécanismes-là, reconnaît Koffi Rodrigue N’Guessan, directeur du développement rural au sein du ministère ivoirien de l’Agriculture. Mais aujourd’hui, grâce à la bourse, où tous ces mécanismes sont déportés au niveau d’Abidjan, et où lui-même est acteur, je pense qu’il y aura moins d’incompréhensions quant à l’acceptation des prix qui sortiront des différents mécanismes. »
Le défi des volumes
Le continent possède 15 bourse des matières premières dont la plupart des plus développées sur le marché sud-africain, tourné vers les produits dérivés financiers. La BRVM est donc venue chercher de l’expertise et des investisseurs à Johannesburg. « L’un des gros défis, c’est de capter des volumes suffisants, juge Robert Matsila, spécialiste du secteur agricole pour le fonds Public Investment Corporation (PIC). Si l’on considère le coût d’installation des infrastructures, il faut des volumes importants. Donc, il faut réfléchir comment les fermiers peuvent accéder aux financements et aux connaissances techniques pour ces trois produits, afin que la productivité soit à un niveau international. »
Les autorités ivoiriennes indiquent disposer pour l’instant d’une capacité de stockage de 430 000 tonnes, et continuent d’identifier d’autres entrepôts.