(BFI) – Selon des informations consultées par Investir au Cameroun, Canyon Resources Limited, société australienne promotrice du projet d’exploitation de la bauxite de Minim-Martap, est en discussions avancées avec la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), le fonds public de pension camerounais. Ces échanges portent sur un investissement de près de 36 millions de dollars américains, soit environ 20,2 milliards de FCFA. Sous réserve des autorisations réglementaires, ces fonds pourraient être convertis en actions dans Camalco Cameroun S.A., filiale locale de Canyon Resources, ou dans la maison-mère cotée à l’Australian Stock Exchange.
Ce processus devra obtenir l’aval de plusieurs instances. En tant qu’investisseur institutionnel public soumis à une logique de prudence, la CNPS devra franchir ces étapes d’ici la fin de l’année 2025 afin de ne pas retarder le calendrier du projet, avant le lancement du projet. Cette démarche constituera un test pour la maturité croissante des institutions publiques camerounaises dans le cadre des partenariats public-privé miniers et pour leur capacité à surmonter les contraintes administratives.
Le projet s’inscrit dans un contexte où Canyon Resources a annoncé plusieurs initiatives destinées à mobiliser des capitaux locaux afin de financer le développement du gisement. L’entreprise indique avoir déjà sécurisé un prêt de 140 millions de dollars américains auprès de AFG Bank Cameroun, afin de financer une partie des infrastructures nécessaires.
Parallèlement, Afriland Bourse & Investissement, filiale du groupe bancaire camerounais Afriland First Bank, a souscrit à une levée de fonds de 70 millions de dollars australiens, soit environ 25,8 milliards de FCFA. Cette opération, encore soumise à l’approbation de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (COSUMAF) et du gouvernement camerounais, devrait permettre à Afriland de détenir environ 10,1 % du capital de Canyon Resources, aux côtés de l’actionnaire majoritaire Eagle Eye Assets qui contrôle 56,5 % du capital.
Si elle se concrétise, la participation de la CNPS viendrait s’ajouter à celles d’Afriland et de AFG Bank, traduisant un intérêt croissant des institutions financières camerounaises pour Minim-Martap. Toutefois, les modalités de l’investissement de la CNPS seront déterminantes. En investissant dans Camalco Cameroun, l’institution disposerait d’une exposition directe à l’activité minière locale. En revanche, un investissement dans Canyon Resources l’exposerait aux augmentations de capital en cours et à venir, avec un risque de dilution de sa participation face à des investisseurs disposant de ressources financières plus importantes.
Les documents publiés par Canyon présentent Minim-Martap comme un actif de premier plan à l’échelle mondiale. L’étude de faisabilité définitive présentée aux investisseurs le 2 septembre 2025 avance une valeur nette actuelle de 835 millions de dollars américains, une marge moyenne de rentabilité avant impôts de 29 % et des flux de trésorerie annuels estimés à 174 millions de dollars en régime stable. La qualité des minerais en réserves prouvées, avec 51 % d’alumine et 2 % de silice, permettrait d’obtenir une prime de prix de 10 à 15 dollars par tonne par rapport à l’indice de référence mondial.
Ces prévisions reposent enfin sur une demande mondiale de bauxite en croissance annuelle moyenne de 3,5 %, portée par l’essor de l’aluminium dans les véhicules électriques et les énergies renouvelables, ainsi que sur l’existence d’infrastructures déjà opérationnelles, notamment le chemin de fer reliant Minim-Martap au port de Douala.
Ces projections s’accompagnent toutefois de mises en garde. L’entreprise minière rappelle comme c’est recommandé par la réglementation, que les prévisions reposent sur des hypothèses qui pourraient être affectées par des teneurs en minerai inférieures aux estimations, par des risques environnementaux ou encore par des contraintes liées aux infrastructures. Les prochaines étapes sont imminentes : arrivée en janvier 2026 des premières locomotives et wagons de transport de minerais, premières production dans le même mois, premières exportations au cours du premier semestre 2026 et l’étude sur la faisabilité de l’exploitation d’alumine.