(BFI) – La Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique Centrale (Bvmac) attend toujours le versement par l’Etat du Cameroun de 2,29 milliards de Fcfa d’arriérés, correspondant aux frais d’admission en Bourse des emprunts obligataires émis au cours de ces dernières années. L’information est issue du dernier rapport annuel 2024 de la Bvmac.
Selon le document, le plan d’apurement communiqué par le gouvernement camerounais en avril 2024, visait à régulariser ces impayés, accumulés sur plusieurs opérations d’émissions des titres publics. Si la mise en œuvre n’a pas respecté le plan initial, sa simple adoption « témoigne de la reconnaissance de cette créance et traduit la volonté de cet Etat membre d’honorer ses engagements dans un délai proche » souligne le rapport.
Cette situation n’est pas sans conséquence pour la bourse régionale, dont la trésorerie demeure sous tension. Le paiement de cette dette permettrait de restaurer la confiance des acteurs du marché et soutenir le plan de développement de la place boursière régionale, considéré comme un levier d’intégration financière dans la communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac). Malgré une année globalement dynamique sur le marché régional, la Bvmac a vu son chiffre d’affaires reculer de 876 millions de Fcfa en 2024 soit une baisse de 1,8% par rapport à 2023. Ce repli s’explique par la diminution des commissions sur les transactions et l’absence totale d’introduction en bourse sur le compartiment actions. En revanche, la taille du bilan s’est appréciée de 15% pour atteindre 7,317 milliards de Fcfa, principalement par un prêt communautaire du Fodec (Fonds de développement du marché financier de la Cemac).
Pour Henri-Claude Oyima, Président du conseil d’administration de la Bvmac, l’année 2024 s’est achevée avec une note globalement positive avec une hausse de la contribution du marché financier régional au financement des économies de la Cemac, passée de 2,64% du PIB régional, soit une progression de 40 ponts de base. Cette évolution est directement liée à l’accroissement de l’encours des dettes obligataires, évaluées à 1 491 milliards de Fcfa à fin 2024, contre 1 300 milliards de Fcfa un an plus tôt, soit une hausse de près de 15%. Dans le même temps, la capitalisation boursière est restée stables autour de 445 milliards de Fcfa
L’écosystème professionnel du marché a également continué à s’élargir, atteignant 66 intermédiaires agréés, répartis entre 25 sociétés de bourse, 15 sociétés de gestion d’organisme de placement collectif, 12 conseillers en investissement financier, 10 banques dépositaires, 2 banques teneurs de compte titres et, pour la première fois dans la région, un cabinet agréé pour la recherche en investissement et l’analyse financière (RIAF). Parallèlement, le nombre de sociétés d’expertise comptable agréée par la Cosumaf a bondi de 46%, passant de 13 à 19 traduisant un approfondissement des pratiques professionnelles.
Le volume des transactions a connu une envolée spectaculaire avec 1,9 million de titres échangés soit plus de 117% en un an. La valeur des échanges a progressé de 45,2% atteignant 17,95 milliards de Fcfa en fin 2024 contre 12,37 milliards un an plus tôt. De même, l’encours des actifs sous gestion des sociétés de gestion d’actifs a bondi à 94è milliards de Fcfa contre 636 milliards de Fcfa en 2023.
Cette performance confirme la montée en puissance du marché financier régional comme alternative de financement, capable de mobiliser l’épargne domestique, institutionnelle et diasporique, mais aussi d’attirer des fonds internationaux tels que les fonds d’investissement et les banques de développement.
Pour autant, le compartiment actions reste le maillon faible de cette dynamique. Malgré les désignations de plusieurs entreprises publiques à introduire en bourse, aucune opération n’a été concrétisé en 2024. Ce manque de profondeur explique en partie la perte d’exploitation de 322 millions de Fcfa enregistrés à la clôture de l’exercice, après un bénéfice net de 8,6 millions de Fcfa en 2023.




