(BFI) – Alors que la situation est des plus instables sur les marchés financiers, la BRVM s’adapte et enregistre des signes de confiance des investisseurs pour la suite.
C’est un acte symbolique qui rythme les journées de toutes les places boursières du monde. La sonnerie de la cloche à l’ouverture et à la fermeture. En ce début d’année, alors que les traditions sont bousculées par la pandémie du Covid-19, chaque institution s’adapte. Contexte de mesures anti-Covid oblige, vendredi 15 mai, la Bourse régionale des valeurs mobilières de l’Uemoa basée dans la capitale économique ivoirienne est passée en mode virtuel pour la cérémonie de sonnerie de cloche. Les participants se sont tous connectés à distance. Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique de Côte d’Ivoire, le Dr Aouélé Eugène Aka, était l’invité. Il a sonné la cloche pour la clôture du marché depuis Aboisso, à 117 kilomètres d’Abidjan. « Cette sonnerie de cloche montre notre détermination à faire barrière à la pandémie du Covid-19. Il s’agit pour nous de joindre notre voix à celle de nos autorités pour la sensibilisation des populations de notre Union à la réalité de cette pandémie dont la gravité et les conséquences prévisibles soulèvent d’importantes inquiétudes », a déclaré le ministre.
S’adapter aux réalités
Le directeur général de la Bourse, le Togolais Félix Edoh Kossi Amenounve, était, lui, au siège. « Il s’agit pour nous de joindre notre voix à la sensibilisation des populations de l’Uemoa sur la réalité de la pandémie dont la gravité et les conséquences prévisibles soulèvent d’importantes inquiétudes », a-t-il fait savoir. En dépit de ce contexte sanitaire, « nos activités se maintiennent à un bon niveau comme en témoignent les valeurs qui ont fait l’objet de transactions sur notre marché. Nos indices montrent aussi une certaine résilience qui traduit l’optimisme des investisseurs », se réjouit le Togolais.
La BRVM optimiste
En effet, alors que le Covid-19 a entraîné depuis le début de l’année une forte baisse sur les marchés financiers, paradoxalement, le marché financier sous-régional ouest-africain se porte relativement bien. « Au niveau des marchés financiers, la nouvelle salve de mauvais chiffres économiques dévoilés dans la semaine écoulée n’a pas ébranlé la confiance des investisseurs. Ces derniers se sont, une nouvelle fois, reposés sur les espoirs d’un retour rapide à une situation normale qui permettra de redémarrer l’activité économique mondiale. En outre, la poursuite du rebond des prix du pétrole, avec un bond de plus de 20 % des cours du Brent, a contribué à conforter les marchés dans leur mouvement haussier » détaille le dernier rapport de la BRVM.
« À l’arrivée, les places boursières internationales ont globalement enregistré des performances satisfaisantes sur la semaine. Si les indices européens et asiatiques ont montré une certaine hésitation, les marchés américains et africains ont, quant à eux, réalisé des gains solides, malgré les chiffres de l’emploi désastreux aux États-Unis ». Cette situation s’explique d’après la Bourse régionale, par le fait que les investisseurs ont préféré se concentrer sur l’annonce de résultats positifs sur les essais d’un traitement au Covid-19, qui vient renforcer la perspective d’une sortie de crise prochainement.
Dans la zone Uemoa, on se prépare également à un assouplissement des mesures d’urgence mises en place pour combattre la propagation du Covid-19. Ainsi, en Côte d’Ivoire, le président de la République a, au cours d’un discours à la nation, dessiné une stratégie de sortie progressive. Le Burkina Faso a procédé à un allègement progressif des mesures restrictives et a, dans un décret présidentiel publié lundi, levé la mise en quarantaine des villes ayant au moins un cas de Covid-19.
Des marchés financiers mobilisés
Il faut dire que les marchés financiers sont très sollicités en cette période, notamment dans la structuration d’opérations à même de financer les plans de riposte mis en place pour minimiser l’impact économique et social de la pandémie. Dans la région, les États de l’Uemoa ont mis en place un programme d’émission de titres publics ou plutôt de « bons sociaux Covid-19 » de 846 milliards de francs CFA depuis le 27 avril dernier. Ainsi, le Sénégal et le Burkina Faso ont levé respectivement 103 et 80 milliards de FCFA, emboîtant le pas à la Côte d’Ivoire qui avait recueilli 180 milliards de francs CFA.
Les banques centrales s’activent également. La BCEAO a pris des mesures pour stimuler la participation des investisseurs institutionnels à des émissions de titres publics et privés. Quant aux institutions financières régionales, elles ne sont pas en reste. Elles ont également très rapidement mis en place des fonds importants en vue d’endiguer l’impact de la crise : la BAD a mobilisé des obligations sociales à hauteur de 3 milliards de dollars sur les marchés financiers internationaux, un record en ce qui concerne les obligations sociales. L’opération a été un vaste succès avec des intentions de souscription dépassant plus d’une fois et demie l’objectif de mobilisation, et cela, en un temps record.