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La BEAC rejette une initiative du gouvernement camerounais sur l’interopérabilité des systèmes de paiement

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(BFI) – La Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) a rejetté en fin de semaine dernière, une demande d’autorisation du ministère camerounais des postes et des télécommunications, pour exploiter un système de règlement et de compensation dans le cadre des paiements effectués en monnaie électronique.

La raison officielle du rejet, selon la lettre du 15 avril 2019 du gouverneur Abbas Mahamat Tolli, tient au fait que le dossier du gouvernement camerounais a été rédigé en anglais, et non en français qui est la langue de travail au sein de l’institution d’émission monétaire. Mais des sources proches du dossier confirment que cette actualité marque le début d’un nouveau conflit ouvert entre le Cameroun et les instances sous régionales.

C’est ce même 15 avril 2020 que le gouverneur de la BEAC a lancé de manière officielle, le fonctionnement de l’interopérabilité dans les systèmes de paiement en zone CEMAC. Le mécanisme fonctionnait déjà chez certains opérateurs mais sous la forme de tests. Avant cela, le ministère camerounais des postes avait inauguré, le 31 mars 2020, son propre système d’interopérabilité.

« L’objectif principal de la mise en place de ce Switch national, qui sera géré par la Campost, est de favoriser à travers une passerelle unique, l’interopérabilité des différents services proposés par les opérateurs utilisant le réseau national de communication électronique. Ceci dans le but de placer l’opérateur public postal au cœur du développement de l’économie numérique », a expliqué en cette circonstance Minette Libom Likeng, la ministre camerounaise des postes.

Au cœur des enjeux, l’idée selon laquelle, l’entreprise postale à capitaux publics, la Campost, pourrait connaître une renaissance, grâce aux retombés des flux de transactions via le mobile et autre modes individuels de paiement électronique. Les plus récentes données officielles sur le mobile money en zone CEMAC datent de la période allant de janvier à septembre 2017. Il en ressort que sur le Cameroun uniquement, la valeur des paiements effectués via ce système était de 2224,7 milliards de FCFA. Les experts estiment qu’actuellement, ce volume a été multiplié par au moins 4. Or 30% à 40% des transactions se déroulent entre opérateurs, ce qui ouvrirait la voie à d’importantes retombés financières.

Dans sa démarche, le ministère camerounais des postes et télécommunications se défend techniquement de ce que ces systèmes de paiements utilisent la technologie des réseaux de télécommunication pour mener les opérations. A la BEAC on défend l’idée que c’est avant tout des services financiers et que la technologie n’est qu’un accessoire. C’est dans ce sens que la règlementation a évolué pour consacrer la création des entités spécialisées dans les paiements électroniques.

Un autre champ de discussion du Minpostel camerounais, est celui de la sécurité. La plateforme nationale permettrait de mener une meilleure veille sur les risques de financement de terrorisme et autre activité d’atteinte à la sûreté et la sécurité de l’Etat. Mais la BEAC a son propre système de compensation qui jusqu’ici a été efficace (Systac), et une institution de gestion de la monétique (GIMAC).

Les opérateurs restent assez discrets sur le sujet et se refusent à communiquer sur cette divergence de législation. Mais selon des personnes qui y travaillent et qui ont requis l’anonymat, une préférence effective est faite pour le système de la Banque centrale qui serait plus cohérent. La CEMAC semble de nouveau confrontée à une dualité sur des opportunités d’intégration sous régionale. De telles divergences avaient poussé à la création de deux bourses dans la sous-région, l’une à Douala, l’autre à Libreville. Au final les deux instances ont été unifiées.

Agence ecofin

Rédaction
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