(BFI) – La Banque mondiale est l’un plus grands promoteurs du libéralisme économique et de l’entrepreneuriat dans le monde et en Afrique. Cette institution vise en effet à développer le secteur privé. Elle est aussi devenue, au fil des années, l’un des principaux bailleurs de fonds destinés à la transition énergétique et à l’adaptation des économies au changement climatique. Alors, faudra-t-il un jour parler de « Banque verte » ?
Le 8 novembre dernier, David Malpass, le président de la Banque mondiale annonçait le lancement d’un nouveau fonds de subventions destiné aux pays qui réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre. Depuis quelques années, l’institution financière internationale clame haut et fort qu’elle entend participer à la lutte contre le changement climatique.
« L’année passée, nous avons financé 31,7 milliards de dollars de projets à caractère climatiques, ce qui est très important », explique Ferid Belhaj, le vice-président de la Banque mondiale pour la région Maghreb et Moyen-Orient. « Maintenant, est-ce suffisant ? Non. Et je pense qu’il y a là un travail plus important à faire. Certains de nos principaux actionnaires poussent la Banque à faire plus sur la question du changement climatique. Et il y a aujourd’hui une réflexion sur la manière de faire plus. D’avoir une banque qui soit plus grande et plus ambitieuse. »
Ce que demandent les ONG
Certaines ONG sont sceptiques sur les engagements climatiques de l’institution. Elles demandent à la Banque mondiale de tenir ses promesses. En 2018, la Banque s’était engagée à ne plus financer les énergies fossiles dans le monde, or selon l’ONG the Big Shift Global, elle a continué à le faire, si ce n’est de façon directe, au moins de façon indirecte. Aujourd’hui, The Big Shift Global a lancé une campagne pour lui demander de revoir sa copie. « Depuis la signature de l’accord de Paris », explique ainsi l’activiste camerounais Augustine Njamnshi, « la Banque mondiale a investi 14,5 milliards de dollars dans des projets d’énergies fossiles… »
De la croissance sans nuire au climat
La controverse révèle les contradictions au sein d’une institution dont la fonction est d’appuyer la croissance des entreprises, c’est-à-dire le cœur du système capitaliste. Adapter les entreprises et la croissance pour qu’elles ne nuisent pas au climat, Ferid Belhaj estime que les deux ne sont pas incompatibles.
Il n’y a pas d’antinomie à travailler sur la réduction des impacts négatifs du changement climatique et créer des emplois. Par exemple, en Égypte, selon nos projections, en travaillant sur la transition énergétique nous pourrons amener deux à trois pourcent de croissance supplémentaire et créer des millions d’emplois directs ou indirects. Donc, il y a là un besoin d’expliquer plus ce lien entre développement et changement climatique. Il est important que nous puissions faire passer le message que c’est réaliste.
En Afrique, le plaidoyer adaptatif de la Banque mondiale est d’autant mieux reçu que les pays ont besoin de créer chaque année des millions d’emplois pour les jeunes entrant sur le marché du travail.