(BFI) – La Banque gabonaise de développement qui est le premier actionnaire de la Bourse de la CEMAC, a annoncé son intention de céder ses parts. Mais entre les ambitions de positionnement des Etats sur cette entité et l’obligation de rassurer le marché, l’opération ne sera pas aisée à conclure.
Une session ordinaire du Conseil d’administration de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC) s’est tenue le 8 octobre dernier. A cette occasion, la Banque gabonaise de développement (BGD), actionnaire principal de la bourse avec 32,15% de participation, a annoncé sa décision de vendre ses parts, apprend-on du communiqué final qui a sanctionné la réunion.
Selon une information rapportée par Business & Finance International et confirmée par le communiqué de la BVMAC, la BGD en difficulté depuis quelques années, est aujourd’hui en processus de liquidation. Cette situation est présentée par nombre d’experts comme un défi pour la crédibilité de la place boursière de la sous-région en plein processus de dynamisation.
La BGD détient sur le capital de la BVMAC un total de 22 000 actions, d’une valeur nominale globale de 22 milliards FCFA. Aucune précision n’a été encore donnée sur le processus qui encadre leur cession. On ignore également si de potentiels acquéreurs ont manifesté un intérêt. « Une analyse a été faite en considération de l’entrée éventuelle des Etats membres de la Cemac dans le capital social de la BVMAC suivant les dispositions de l’article 8 de l’Acte additionnel N° 06/17 Cemac-Cosumaf-CCE-SE du 19 février 2018 », indique, sans plus, le communiqué de la BVMAC
Selon cet article, les Etats membres de la sous-région avaient 24 mois, à compter du 19 février 2018, pour acquérir chacun 5% du capital de la bourse. Ce délai est aujourd’hui passé. Pour l’instant, seul le Cameroun semble satisfaire à cette exigence. Il compte 5 sociétés à capitaux publics (SNI, CAA, CSPH, Crédit foncier et CNPS) au capital de la société de marché financier sous-régional, pour une participation globale de 15%.
Avec la sortie de BGD du capital de la BVMAC, le Gabon n’y compte plus à proprement parler d’actionnaire public de référence. Il faut dire que malgré la fusion avec le Douala Stock Exchange, la bourse de la Cemac est restée contrôlée par des capitaux gabonais. En plus de la BGD, le deuxième actionnaire de la société de marché de la Cemac est aussi gabonais. Il s’agit de BGFI Capital. La filiale du groupe bancaire panafricain BGFI détient 4,47% des parts.
Les Etats de Guinée équatoriale, du Congo, du Tchad et de Centrafrique sont faiblement ou pas du tout représentés. La situation actuelle profite au Cameroun. Si on ajoute les participations des entités comme Commercial Bank Cameroun, Société Camerounaise de Banque et la BICEC, des structures dans lesquelles l’Etat détient une participation minoritaire significative, la première économie d’Afrique centrale est actuellement, l’actionnaire le plus influent de la société de marché.
La question est désormais de savoir si le Gabon acceptera de perdre définitivement cette bataille du leadership sur la bourse régionale, tout en faisant des choix de nature à rassurer les investisseurs qui seront les utilisateurs de la BVMAC.
André Noir