(BFI) – La Banque africaine de développement a clôturé ses assemblées annuelles vendredi 28 mai 2022 à Accra. Entre financement climatique, transformation agricole et amélioration de la qualité de vie, les dossiers chauds du développement sont passés au peigne fin des experts. En définitive, il s’agira pour la BAD au cours des années à venir d’appuyer les pays au travers d’une importante mobilisation financière en vue de renforcer l’influence africaine revèle La Tribune Afrique.
Le rideau s’est fermé sur les assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) ce vendredi 27 mai à Accra. Après cinq jours de discussions, d’analyses, de réflexions et de décisions, le mot d’ordre qui émerge : investir dans les « forces » des pays africains, les aider à transformer leurs faiblesses, afin de passer à l’échelle. La Banque va ainsi déployer son orientation stratégique sur les dix prochaines années (2023-2030) dans le but de « bâtir une Afrique prospère, fondée sur la croissance inclusive et le développement durable ». Neuf problématiques seront traitées dans ce sens dont la croissance économique, les changements climatiques, l’énergie et la transition énergétique équitable, la sécurité, le genre, la gouvernance économique et la viabilité financière de la Banque.
Une vision long-termiste pour ériger un continent-solution
Dans la déclaration d’Accra qui synthétise les actions prioritaires retenues durant ces réunions, le Conseil des gouverneurs de la Banque -organe suprême de décision constitué des représentants des pays membres- dit accueillir « favorablement » cette vision long-termiste. Akinwumi Adesina, président de la Banque, motive cette orientation -dont les cinq dernières années devront être assurées par son successeur- par le fait que « l’Afrique, dit-il, doit devenir une solution à la crise mondiale. Nous allons accélérer notre stratégie en accompagnant les pays dans leur diversification économique, dans la transformation des zones rurales et la création d’emploi… ».
Les « forces » du continent, ce sont d’abord ses ressources naturelles, comme l’ont souligné différents intervenants à cette grande messe du financement du développement, estimant que la clé du succès réside dans la gestion de ces ressources. A ce propos, l’appel récurrent à l’industrialisation notamment pour tirer parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) a été renouvelé avec l’engagement de la BAD à accorder plus d’intérêt aux entreprises. « Nous soutenons le secteur privé à travers le capital privé et nous continuerons », a souligné celui qualifié à souhait d’ « optimiste en chef » de l’Afrique. « Je crois que la Zlecaf ne devrait pas juste être une zone de commerce, parce qu’échanger simplement des marchandises ne résoudra pas la question des importations massives de produits finis. La Zlecaf devrait être, au contraire, une zone de transformation des matières premières, de manufacture industrielle, de production à haute valeur ajoutée », a-t-il soutenu, estimant que c’est ainsi que le continent pourra être cette « solution pour le monde », car le développement de l’agriculture et d’une production industrielle aux normes internationales favoriseraient les exportations de produits finis.
L’efficacité du développement, l’heure du bilan
La BAD a également présenté sa revue annuelle sur l’efficacité du développement, brossant le tableau de ses réalisations autour des cinq piliers de la stratégie « High 5 ». Ainsi en vue d’éclairer et d’alimenter le continent en énergie, l’institution basée à Abidjan a facilité l’installation de 294 km de lignes de transport d’électricité nouvelles ou améliorées, permettant l’accès à l’électricité à 1,3 million de personnes en 2021. Les projets d’énergies renouvelables se sont poursuivis, avec notamment l’installation de 72 MW de nouvelles capacités ou les 20 milliards de dollars de financement concessionnel débloqués pour la plateforme de relance post-Covid hors réseau de la Banque.
Pour nourrir, industrialiser, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations, la BAD a mené de nombreuses actions telles que le déploiement et le financement de son programme de transformation agricole (TAAT) dans plusieurs pays dont le Ghana, l’investissement dans les infrastructures -avec notamment la construction, la réhabilitation ou l’entretien de 857 km de routes-, mais aussi, le programme de développement de compétences et de l’entrepreneuriat. Pour la Banque, il est surtout question de « supporter le risque de la richesse créée par les jeunes ».
Leadership revendiqué sur les DTS
Parmi les différentes solutions explorées pour renforcer le financement du développement africain dans le contexte mondial actuel : les Droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI), un autre sujet qui a dominé ces rencontres. Sur ce dossier, la BAD- qui revendique le leadership en tant que « première institution multilatérale africaine »– veut être l’institution à travers laquelle ces DTS seront déployés vers l’Afrique, comme répété à plusieurs reprises par les officiels ghanéens et leaders de la Banque. « Nous soutenons les efforts visant à examiner les options viables de redirection volontaire des droits de tirage spéciaux des économies avancées et émergentes qui le peuvent en tenant dûment compte des cadres nationaux juridiques, y compris éventuellement par l’intermédiaire du Groupe de la Banque en tant que détenteur agréé, afin de tirer parti de l’effet de levier de ces ressources concessionnelles pour accroitre le financement destiné aux économies africaines », a déclaré le Conseil des gouverneurs.
L’Egypte prend la présidence du conseil des gouverneurs
Le Conseil des gouverneurs qui, comme à l’accoutumée, a changé de présidence à l’occasion de ces assemblées. Kenneth Ofori-Atta, ministre des Finances du Ghana a passé le témoin à Tarik Amer, gouverneur de la Banque centrale d’Egypte. Le pays nord-africain qui accueillera les réunions annuelles de 2023. Le nouveau bureau est quant à lui complété par le Brésil et l’Ouganda.
Plusieurs accords ont été signés durant cette semaine, notamment avec le Mozambique. La BAD va conseiller l’Etat lusophone d’Afrique australe pour son projet hydroélectrique de 4,5 milliards de dollars. Au Ghana, la Banque va soutenir un projet de mini-réseau et de compteurs solaires photovoltaïques. Un partenariat avec la Finlande a donné lieu à une facilité pour l’économie circulaire qui sera déployée afin d’appuyer le secteur privé et promouvoir l’ « ownership » africain.