(BFI) – La banque africaine de développement (BAD) averti qu’un durcissement tarifaire des Etats Unis à l’encontre des exportations camerounaises pourraient avoir des conséquences tangibles sur l’économie nationale.
Dans son rapport annuel sur le Cameroun, publié il y ‘a quelques semaines, l’institution souligne qu’un taux de taxation fixé à 11% suffirait pour infléchir la trajectoire de la croissance, à réduire la demande extérieure et à dégrader le solde du compte courant.
Ces conclusions trouvent un écho particulier à la lumière des informations révélées jeudi 31 juillet 2025 par l’agence Reuters. Selon celles-ci, le Président Américain Donald Trump a signé un décret instituant, à compter du 7 août, un droit de douane de 15% sur certains produits importés de certains pays membres de la Cemac dont le Cameroun, le Tchad et la Guinée Equatoriale.
Pour la BAD une telle décision frapperait au cœur des filières orientées vers l’exportation notamment les hydrocarbures, le cacao, le bois et le caoutchouc naturel. L’institution panafricaine rappelle qu’un ralentissement des ventes sur le marché américain, même marginal, pourrait exercer une pression sur l’activité économique globale, surtout dans un contexte où les échanges internationaux demeurent exposés aux incertitudes conjoncturelles.
Si les Etats Unis ne « figurent pas parmi les dix premiers débouchés commerciaux du Cameroun », leurs importations représentent une fraction limitée des exportations nationales, l’impact pourrait se faire ressentir par ricochet sur la balance des paiements. « Une contraction de la demande extérieure couplée à un affaiblissement de la croissance chez les principaux partenaires économiques, pourrait amplifier les tensions sur les comptes extérieurs », souligne la BAD.
L’institution nuance toutefois son diagnostic en soulignant que certains facteurs d’atténuation existent. Une dépréciation du dollar, si elle devait intervenir, allègerait le coût du service de la dette extérieure donc près de 30% est libellé en devise américaine, permettant une réduction estimée à 7,9% des charges de remboursement en 2025. Par ailleurs les réserves de change de la Cemac devraient poursuivre leur progression, avec un gain attendu de 610 millions de dollars l’an prochain.
En définitive, la BAD prévient qu’un relèvement tarifaire, même limité, ne serait pas neutre pour l’économie camerounaise. L’ampleur de l’impact dépendra à la fois de l’évolution des mesures américaines et des dynamiques macroéconomiques mondiales dans les mois à venir.
