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Jean Kacou Diagou, PDG du Groupe NSIA, à la conquête du marché bancaire Camerounais

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Pour l’heure, la démarche précise retenue par le groupe ivoirien de banques et assurances pour s’implanter dans le pays reste confidentiel. Toutefois, à la fin 2024, l’on révélait que le groupe envisageait deux scénarios. Le rachat d’une banque déjà en activité, et en dernier recours, la création ex nihilo d’une nouvelle filiale.

La première option, privilégié par NSIA selon ses dirigeants, consistait d’acquérir une banque existante afin d’accélérer sa percée sur le marché camerounais. Une stratégie que le groupe avait déjà appliquée en 2006 avec le rachat de la BIAO en Côte d’Ivoire. Dans une interview récente à Jeune Afrique, Léon Yacé, Directeur général de NSIA banque Côte d’Ivoire, indiquait être en discussion pour « le rachat de filiales de groupes bancaires internationaux désirant se retirer du pays », avec un dénouement espéré d’ici le premier trimestre 2025.

Les regards se tournaient ainsi vers Société Générale Cameroun (SGC), dont la mère française avait officiellement engagé le processus visant à céder 58,08% de capital qu’elle détient dans sa filiale camerounaise. En cas d’acquisition, l’avenir s’annonçait radieux pour le Groupe NSIA, qui se serait ainsi hissé au rang de 2e banque du pays en terme d’actifs, juste derrière Afriland First bank. Sans oublier un ancrage local solide hérité de plus de 60 ans de présence au Cameroun et une rentabilité éprouvée, avec un bénéfice net de 29,8 milliards de Fcfa en 2023.

Mais cette piste s’est récemment complexifiée. Dans une lettre datée du 16 janvier 2025, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a signifié à la direction de la SGC la volonté de l’Etat Camerounais d’exercer son droit de préemption sur la filiale locale, conformément au statut de la société. Une initiative soutenue par les instructions de la Présidence de la République, motivée par le souci de transparence et de souveraineté sur un actif stratégique. Le droit de préemption renvoi à un privilège statutaire que détient l’Etat et lui donne la priorité dans l’acquisition d’un actif lorsque son propriétaire manifeste la volonté de le vendre. Dans la correspondance susmentionnée, Yaoundé déplore l’opacité qui s’est emparé du processus de rachat de la 2e plus grande banque du pays, ainsi que les manœuvre de communication de « grands groupes bancaires » visant à influencer la bonne tenue du processus.

CBC ou création d’une filiale en 2026

Une autre option consistait à prendre une part majoritaire dans le capital de la Commercial bank Cameroon (CBC), une banque historique crée par le groupe Fotso, aujourd’hui contrôlé à 98% par l’Etat. Après une phase de recapitalisation conduite par les pouvoirs publics, le gouvernement souhaite désormais céder 51% du capital à un investisseur stratégique et introduire 30% à la Bourse de Valeurs mobilières de l’Afrique Centrale (Bvmac). Le processus, mené avec l’appui du consortium de conseil piloté par Rothschild & Co, reste pour l’instant en suspens. Le choix final, selon nos sources, est actuellement à l’arbitrage de la Présidence de la République. Parmi les offres en lice, celle d’un consortium – formé par les dirigeant de la CBC, des salariés et des clients – est réputée avoir la préférence des conseillers de l’Etat. Rien n’indique pour l’instant que NSIA figure dans ce tour final, mais l’opération reste une opportunité plausible.

Enfin, si aucune acquisition ne se concrétise, NSIA prévoit de créer une filiale bancaire à part entière dès 2026. « La décision est prise de nous implanter dans la zone Cemac, où nous sommes déjà présents dans l’assurance mais pas dans la banque, en commençant par le Cameroun » a déclaré Léonce Yacé. Une perspective plus longue à mettre en œuvre, qui impliquerait un développement progressif sur un marché très concurrentiel avec 19 banques actives à fin 2024.

Le Cameroun apparait comme une terre d’opportunité pour NSIA notamment en raison de son faible taux de bancarisation (environ 20%) et d’un secteur en mutation marqué par le retrait progressif des groupes internationaux. A titre de comparaison, la Côte d’ivoire compte aujourd’hui 24 banques contre 19 au Cameroun. Le gouvernement vise le cap de 30 banques d’ici de 2030 afin de renforcer la profondeur du système bancaire local.

NSIA ne partira pas de zéro au Cameroun. Le groupe est actif depuis 2008 à travers deux sociétés d’assurances opérant à la fois dans le segment Vie et Non Vie. Dans le secteur bancaire, il y retrouvera son compatriote AFG Bank présent depuis 2009 et qui figure actuellement parmi les principales banques en termes d’actifs.

Pour accompagner cette expansion, NSIA bénéficie du soutien politique de son pays d’origine. Selon son directeur général, le ministre ivoirien des Finances a même adressé l’année dernière une lettre à son homologue camerounais affirmant son appui à l’opération et garantissant la fiabilité des engagements pris par le groupe. Avec 3 filiales bancaires (Côte d’Ivoire, Bénin, Guinée) et deux succursales (Sénégal, Togo), NSIA espère faire du Cameroun sa tête de pont dans la zone Cemac. Une ambition stratégique dans un contexte de recomposition des équilibres bancaires en Afrique Centrale.

André Noir

Rédaction
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