(BFI) – Le musée des rois Bamoun a été inauguré samedi 13 avril dernier dans la région de l’Ouest du Cameroun.
La cérémonie d’inauguration, présidée par le sultan Mouhammad-Nabil Mforifoum Mbombo Njoya, roi du peuple Bamoun du Cameroun, s’est déroulée à Foumban, chef-lieu du département du Noun dans la région de l’Ouest, en présence du ministre camerounais des Arts et de la Culture.
Ce musée a été construit pour préserver environ 12.500 artéfacts et promouvoir le patrimoine culturel du peuple Bamoun, une ethnie du Cameroun, selon une source de la Cour royale. Sa conception, inspirée d’un serpent à deux têtes, reflète l’identité et le symbolisme de ce peuple ancien.
Il permettra aux visiteurs du monde entier de découvrir la richesse et la diversité de cette culture unique, contribuant ainsi au dialogue interculturel et à la promotion de la diversité culturelle du Cameroun.
Le royaume Bamoun, fondé en 1384, est aujourd’hui l’un des plus anciens d’Afrique subsaharienne. Quand les cultes monothéistes se sont progressivement substitués aux croyances traditionnelles, son monarque, en plus de Roi, a pris le titre de Sultan à la fin du 19è siècle, en fondant une religion s’inspirant à la foi de l’islam et du christianisme.
Le nouveau musée a été bâti en reproduisant les armoiries du royaume sur 5.000 m2: une araignée à pattes velues et deux cloches surmontant le serpent à deux têtes.
« Pour le Cameroun« , un tel musée dédié à l’histoire d’un royaume est « unique par son envergure« , tout comme « l’engouement autour de son inauguration« , assure à l’AFP Armand Kpoumié Nchare, docteur en géographie spécialisé en patrimoines culturels, et auteur de « le rituel Nguon chez les Bamoun du Cameroun« .
« C’est l’un des rares royaumes à avoir réussi à exister et rester authentique, malgré la présence des missionnaires, marchands et administrateurs coloniaux« , affirme l’expert.
Le musée des Rois Bamouns héberge près de 12.500 pièces dont quelques-unes seulement étaient auparavant présentées dans des salles du palais royal. « Il rend compte de la riche créativité multi-centenaire de ce peuple, aussi bien artisanale qu’artistique –dessins bamouns–, mais aussi des innovations technologiques paysannes à diverses époques: moulins, pressoirs…« , détaille Armand Nchare.
« Nous rendons hommage à un roi simultanément gardien et pionnier (…), une façon pour nous d’être fiers de notre passé pour construire l’avenir » et « montrer que l’Afrique n’est pas importatrice de pensées« , a lancé son arrière-petit-fils, le Mfon (roi) et Sultan Mouhammad Nabil Mforifoum Mbombo Njoy, 30 ans, sur le trône depuis 2021.
Pour perpétuer l’œuvre de son grand-père, le sultan Ibrahim Mbombo Njoya (1992–2021), constatant que les salles du palais étaient trop exiguës, avait lancé en 2013 la construction du nouveau musée.
Le musée voit aussi le jour quelques mois après que le Nguon du peuple Bamoun, un ensemble de rituels donnant lieu à un festival annuel très fréquenté, a rejoint, en décembre 2023, la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
Hassan Mama