(BFI) – La réflexion menée par le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) sur le sort à réserver aux salaires des travailleurs en cette période de crise sera bientôt remise au gouvernement. En attendant, son président, Célestin Tawamba (photo) a profité d’un dîner-débat, organisé le 4 mai dernier par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale (Mintss), pour faire l’économie de ce document revèle Investir au Cameroun.
Il ressort de son exposé que la principale organisation patronale du pays est favorable à une augmentation des salaires. « Il faut repenser et revaloriser de manière générale les salaires, pas seulement le Smig (salaire minimum interprofessionnel garanti, NDLR) », plaide Célestin Tawamba. Le patron des patrons considère même que c’est un impératif en cette période de crise, caractérisée par l’augmentation du coût de la vie et des coûts de production. Cette inflation généralisée impose aussi une hausse des salaires, selon l’argument de Célestin Tawamba.
Dans une récente étude, le Gicam a analysé la politique salariale dans sept pays du continent. La conclusion de cette étude c’est que la situation du Cameroun est la moins enviable. « On ne peut pas penser qu’on peut garder un Smig à 36 000 FCFA », fait savoir le patron du Gicam.
Le gouvernement n’est pas opposé à une nouvelle augmentation du Smig, après celle de 2014 quand il a cru d’un peu plus de 8 000 FCFA en passant de 28 000 à 36 270 FCFA. La preuve, le 1er mai, à l’occasion de la commémoration de la Journée internationale du travail, le Mintss, Grégoire Owona, a révélé à la presse que les discussions sont en cours pour augmenter le Smig. « Mais il faut que les entreprises puissent payer », a néanmoins souligné Grégoire Owona.
Statu quo
À en croire Célestin Tawamba, il n’y a pas lieu de s’inquiéter parce qu’il y a des avantages à augmenter le Smig et par ricochet les salaires. Cette décision, de l’avis du président du Gicam, va contribuer à améliorer l’efficacité des entreprises. À condition que le gouvernement accepte de libéraliser l’économie.
Pour le Gicam, cette libéralisation consiste, entre autres, à « tordre le cou à l’administration des prix » pratiquée par le gouvernement en ce moment. Il s’agit là de l’une des plus grosses pommes de discorde entre le secteur public et le privé. Car tout laisse penser que le pouvoir de Yaoundé veut continuer d’homologuer les prix des denrées de première nécessité sur les marchés quand les patrons demandent de lâcher la bride.
Cette divergence de point de vue s’est encore fait voir le mois dernier quand les acteurs du marché du ciment demandaient au gouvernement d’augmenter les prix pour leur permettre de faire face à l’augmentation des coûts de production, qui connaissent une tendance haussière. Un plaidoyer qui passe mal à Yaoundé où le statu quo est préférable.
Le ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana, qui participait au dîner-débat organisé par le Mintss a évité de s’aventurer dans ce débat sur l’homologation des prix. Mais il a toutefois admis que l’heure est venue pour le système économique du Cameroun de faire son aggiornamento avec un retour à une économie plus solidaire. Sans en dire plus.
Finalement, rien ne dit si l’enthousiasme du Gicam sur une revalorisation des salaires convainc le gouvernement. Tout comme on ignore si les patrons sont prêts à assumer des hausses salariales s’ils n’obtiennent pas du gouvernement l’arrêt de l’administration des prix. On aura certainement plus de visibilité dans les prochains mois.