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Finance Digitale en Afrique centrale : le rôle stratégique des Banques, Fintechs et Telcos

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(BFI) – La digitalisation de la finance en Afrique Centrale, et plus particulièrement au Cameroun, est une révolution en marche qui transforme profondément les modes d’accès aux services financiers. Quatre acteurs majeurs jouent un rôle central dans cette transformation : les banques traditionnelles, les fintechs innovantes, les opérateurs de télécommunications et la Banque Centrale. Chacun d’eux apporte ses forces, mais doit aussi relever des défis pour s’imposer dans cet écosystème en pleine évolution.

1. Les Banques: gardiennes de la confiance et de la régulation

Les Banques restent des piliers incontournables grâce à leur expertise réglementaire et leur maîtrise des normes de conformité. Elles bénéficient d’une longue expérience dans la gestion de la relation client et disposent d’une infrastructure financière solide. Cependant, elles doivent accélérer leur transformation digitale pour mieux répondre aux attentes d’une clientèle de plus en plus connectée et exigeante. La flexibilité et l’agilité restent des défis majeurs face à la rapidité d’innovation portée par les Fintechs.

Grâce à une stratégie digitale ambitieuse, UBA modernise ses offres tout en respectant les exigences réglementaires, renforçant ainsi la confiance indispensable à toute relation bancaire. Ce modèle montre que les banques peuvent être à la fois gardiennes de la réglementation et moteurs de l’innovation.

2. Les Fintechs : catalyseurs de l’innovation technologique

Les Fintechs sont au cœur de la disruption financière. Elles tirent parti des technologies digitales pour proposer des solutions rapides, accessibles et souvent moins coûteuses, en particulier pour les populations non bancarisées. Leur agilité leur permet d’expérimenter de nouveaux services, comme le porte-monnaie électronique, le paiement mobile, les terminaux de paiements, le crédit digital ou encore le Regtech (gestion électronique de l’identifiant/KYC de clients, detections automatique des fraudes ou transactions à risque, etc.). Cependant, leur défi est de gagner la confiance des utilisateurs tout en respectant un cadre réglementaire qui évolue encore.

3. Les Opérateurs Télécoms : leviers de distribution et d’inclusion

Les Opérateurs de Télécommunications (Telcos) disposent d’un atout majeur : un réseau étendu et une forte proximité avec les populations, notamment dans les zones rurales. Leur expertise dans la gestion des infrastructures digitales et leur capacité à distribuer massivement des services (financiers) via le mobile font d’eux des partenaires stratégiques. Ils doivent cependant renforcer leur collaboration avec les banques et les fintechs pour assurer une meilleure intégration des services et répondre aux exigences de sécurité et de conformité.

Pour optimiser leur positionnement dans la distribution des services financiers, plusieurs ont créé des structures spécialisées ou des entités autonomes de gestion de la monnaie électronique (Mobile Money) agréés comme Etablissements de Paiement (Payment Services Providers ou PSP en anglais)par la Banque Centrale. Cela leur permet d’opérer avec plus d’autonomie et de conformité.

4. La Banque Centrale et le GIMAC: architectes de l’interopérabilité et de la stabilité

La Banque Centrale, à travers le GIMAC (Groupement Interbancaire Monétique d’Afrique Centrale), joue un rôle fondamental dans la construction d’un écosystème financier digital intégré et sécurisé. Le GIMAC, entité sous l’égide de la BEAC (Banque des États de l’Afrique Centrale), est chargé de favoriser l’interopérabilité entre les différents systèmes de paiement de la zone CEMAC, à savoir les cartes bancaires, distributeurs automatiques (GAB), terminaux de paiement (TPE), mais aussi les porte-monnaie électroniques et leurs points accepteurs marchands. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’instruction BEAC N°001/GR/2018 relative à l’étendue de l’interopérabilité et à l’interbancarité des systèmes de paiement dans la région.

Avant la mise en place du GIMAC, les systèmes de paiement étaient fragmentés, limitant les échanges et l’efficacité des transactions digitales. Le GIMAC agit comme un hub central, facilitant la communication instantanée et la compatibilité entre banques, fintechs, opérateurs télécoms/ établissements de paiement.

A cet effet, un client détenant un porte-monnaie électronique Orange Money ou MTN Mobile Money au Cameroun peut retirer de l’argent directement sur un guichet automatique bancaire (GAB) de UBA CAMEROON, sans être client de la banque. Ou encore les utilisateurs de M2U Money au Cameroun peuvent alimenter leur compte via des transferts venant directement de Airtel Money au Gabon. Ces fonctionnalités traduisent la fluidité et la liberté offertes par l’interopérabilité, facilitant l’accès aux services financiers et rapprochant les différents acteurs au bénéfice des utilisateurs en Afrique centrale.

Pour ma part, c’est un grand honneur d’avoir été acteur de la première heure de ce projet régional complexe et ambitieux, en tant que Chef de Projet et principal interlocuteur de l’une des trois premières institutions connectées à la plateforme interopérable. J’ai personnellement contribué, aux côtés du GIMAC, à la méthodologie de conduite du projet (tests, phase pilote, phase pilote élargie, production…), ainsi qu’à la rédaction du premier manuel de procédures et modèle de tarification associé.

Pleinement opérationnelle depuis 2019, l’interopérabilité des paiements en Afrique centrale est aujourd’hui une référence en Afrique, et a inspiré la BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest), dont la plateforme interopérable (PI-SPI) est en cours d’expérimentation.

Un écosystème en mutation vers une finance inclusive

La réussite de la transition digitale intégrale en finance repose sur une coopération renforcée entre ces quatre acteurs. La complémentarité de leurs forces, la régulation et la confiance des banques, l’innovation des fintechs, la distribution des opérateurs télécoms, et l’impulsion de la Banque Centrale via le GIMAC est la clé pour développer une finance inclusive, capable de toucher toutes les couches de la population.

En somme, la finance digitale en Afrique centrale ne pourra continuer de se développer sans l’alliance de ces forces majeures. Banques innovantes comme UBA, fintechs audacieuses, opérateurs télécoms puissants et une Banque Centrale visionnaire doivent conjuguer leurs talents pour construire une finance inclusive, sécurisée et résolument tournée vers l’avenir.

Joseph Abena, Regional Head | Marketing & Corporate Communication CEMAC at UBA Group

Rédaction
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