(BFI) – Les Présidents ivoiriens et français avaient annoncé le 21 décembre 2019 une grande réforme du FCFA et le changement du nom en ECO.
L’on avait à cette occasion assisté à une double incohérence. La France dont ce n’est pas la propre monnaie, avait mis à mal la souveraineté monétaire de 8 États de l’UEMOA en décidant d’adopter le nouveau système de l’ECO avant eux.
Ensuite, en adoptant le nouveau dispositif basé sur une appellation ECO, propriété juridique d’une autre organisation à savoir la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sans son accord, la zone Franc a peut être commis un plagiat.
Sur le plan éthique et diplomatique, cette initiative unilatérale vient saborder un projet communautaire longuement mûri par 15 pays de la CEDEAO, au regard des risques d’incompréhension entre les pays utilisateurs du Franc CFA et les autres titulaires de leurs monnaies propres.
Enfin,le fait que les accords n’aient pas été publiés n’a pas empêché les populations des pays concernés d’être mises au parfum sur une disposition vicieuse qui serait incluse dans les accords.
En effet, le député français Jean-Paul Lecoq qui a eu l’avantage de disposer du texte, contrairement aux citoyens de la zone nous avait alerté « Quant à l’absence de Français dans la gouvernance de la zone monétaire, la lecture attentive de l’article 4 de l’accord commande de la nuancer. « La France sort par la porte pour mieux revenir par la fenêtre ».
Je reste persuadé qu’une autre forme de contrôle plus informelle et diffuse et à un niveau plus élevé pourrait étre institué
Les méthodes de communication laissent de côté les peuples
Au plan technique, cette réformette laisse en suspens de vraies questions. L’’arrimage fixe à une monnaie forte l’euro gêne les exportations des pays africains concernés. Cette monnaie ne garantit pas un financement correct de l’économie encore moins l’intégration de pays membres qui sont pour la plupart classés derrière dans l’Indice de développement humain du PNUD. Son lieu de production est à l’extérieur
Par ailleurs, en contrepartie de quel actif monétaire, la France s’engage encore à garantir une convertibilité illimitée dans le contexte d’annulation du compte d’opération logé au trésor français ?
Le vrai piège se cache derrière cette énigme.
Tant que les pays de la zone franc continueront dans cette lancée, l’ECO dont le lancement a été annoncé depuis 2020 ne verra jamais le jour. C’est ma conviction
Nous sommes 8 pays
Nous avons nos ressources naturelles et de gros potentiels de reserves en devises
Nous avons une expérience commune de plus d’une soixantaine d’années dans les questions monétaires
Nous sommes conscients des faiblesses corriger
Qu’est qui nous empêche collectivement d’oser et de reprendre un outil qui nous appartient et le formater en fonction de nos besoins économiques?
Magaye Gaye, Economiste international