(BFI) – Entre 2020 et 2024, le gouvernement congolais a modifié sa stratégie de financement en réduisant progressivement sa dépendance à la dette extérieure. Cette dernière a été réduite de 39,32% dans le portefeuille global de dette publique en 4 ans.
Dans son rapport annuel de la dette publique 2024, publié le dimanche 13 juillet 2024, le Congo a considérablement réduit de 17,79 points de pourcentage la part de sa dette extérieure dans le portefeuille global de la dette publique en 4 ans. Cela s’explique par un recours accru à l’endettement intérieur, notamment celui des titres publics émis au sein de la Cemac. Malgré ce changement de cap, la dette globale du pays continue de progresser, affectant la soutenabilité budgétaire.
Ainsi, la part de la dette extérieure dans le portefeuille global de la dette publique est passée de 57,12 % en 2020 à 39,32 % en 2024, soit une baisse de 17,79 points de pourcentage. A l’inverse, la dette intérieure, autrefois minoritaire, est devenue majoritaire, représentant 60,68 % du stock total à fin 2024 contre 42,88 % en 2020.
Ce basculement s’explique par la volonté des autorités congolaises de réduire l’exposition du pays aux risques liés aux taux de change et aux conditions de financement sur les marchés extérieurs. En privilégiant le marché régional des titres publics de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), le Trésor congolais cherche à mobiliser plus de ressources localement, en monnaie nationale, avec des conditions de remboursement plus prévisibles.
Structure de la dette extérieure du Congo à fin 2024
Au 31 décembre 2024, la dette extérieure du pays s’élève à 3351,58 milliards FCFA (environ 6 milliards $), soit 39,29 % de la dette publique totale. Près de 45,55 % de cette dette extérieure est due à des pays étrangers (bilatéral). La forte part des créanciers bilatéraux suggère une dépendance significative du Congo à des accords directs avec des Etats. La part importante des multilatéraux implique que le pays est intégré dans plusieurs programmes de financement internationaux. La dette commerciale est plus faible.
Un endettement en forte progression entre 2020 et 2024
Malgré cette réorientation stratégique, la dette publique continue de croître. Elle est passée de 6596,13 milliards FCFA en 2020 à 8535,77 milliards FCFA en 2024, en hausse de 29,41 % en quatre ans. Cette augmentation s’explique principalement par les besoins élevés de financement budgétaire, dans un contexte marqué par des chocs exogènes (covid-19, inflation importée, tensions géopolitiques mondiales). L’année 2021 a connu une progression particulièrement, avec une augmentation annuelle de 23,26 % de la dette, à 8130,56 milliards FCFA. Cette accélération de l’endettement visait à soutenir les dépenses de relance et à couvrir les déficits de l’Etat dans un contexte de contraction des recettes fiscales.
Des risques à surveiller
Le recentrage sur la dette intérieure permet de réduire certains risques, notamment celui de change, car la dette en devises devient moins dominante. Toutefois, cette stratégie comporte aussi des risques spécifiques. L’augmentation de la dette intérieure peut exercer une pression sur le système bancaire national, réduire la disponibilité de crédits pour le secteur privé et renchérir le coût de financement de l’Etat si la demande pour ces titres devient trop forte. Par ailleurs, cette dette reste concentrée sur des échéances de court terme.
Pour assurer la soutenabilité de la dette publique, les autorités devront donc diversifier les sources de financement, allonger la maturité moyenne des emprunts, renforcer la transparence budgétaire, et surtout, stimuler la croissance économique, afin d’augmenter les recettes publiques et réduire le recours systématique à l’endettement.