Nous avons rencontré récemment
dans un lieu public de la capitale du Cameroun, un jeune du Congo
(Brazzaville). Il a été affecté au Cameroun il y a quelques mois pour
travailler dans une des structures du système des Nations unies établie à
Yaoundé. Il raconte les instants qui ont précédé son départ de son pays, puis
son premier contact avec le Cameroun:
« J’avais fait la fête avec mes amis à Brazzaville
lorsque j’avais été notifié par ma hiérarchie que j’étais muté au Cameroun.
Personnellement, je ressentais par cet acte les sensations d’un gamin à qui les
parents venaient d’offrir un gros cadeau… Mes amis m’enviaient; ils me disaient
que j’avais la chance d’aller au Cameroun… »
« De Brazzaville, pour nous, le Cameroun est un pays
merveilleux. Il est stable et en paix. Il a de grands joueurs de football, il
gagne des trophées, il va toujours à la Coupe du monde, il a une agriculture
diversifiée, il a des hommes intelligents qu’on retrouve dans toutes les
grandes tribunes internationales. Les Congolais qui vont à Douala, à leur
retour, nous écoutons leurs récits comme s’ils venaient de visiter Paris ou
New-York. Voilà le Cameroun vu de Brazzaville ».
« Je suis arrivé donc au Cameroun un mois de
septembre par l’aéroport de Douala. J’avais tous mes papiers, non seulement en
tant que fonctionnaire du système des Nations unies, mais également comme sujet
de la Cemac avec tous les avantages de circuler que me confère ce titre en zone
Cemac. L’agent de police des formalités de débarquement consacrera pourtant
tout le temps qu’il avait voulu pour me poser des questions, même des plus
saugrenues. J’avais le sentiment d’être un wanted capturé en terre camerounaise
! »
« l’aéroport international de Douala ne paie pas des
mines: pas de bus pour transporter les passagers du tarmac à l’aérogare. C’est
un couloir interminable qui vous conduit vers les contrôles de santé à la douane,
en passant par la police… »
« L’accueil à Yaoundé n’est pas agressif comme celui
de Douala. Mais le trajet de Nsimalen jusque dans la ville est surprenant pour
la pénétrante d’une capitale de renom comme Yaoundé : tout me paraissait
désordonné: la route, les constructions, le petit commerce, la conduite des
chauffeurs, les clameurs de toute sorte…! »
« Après six mois de séjour au Cameroun, quelques
déplacements dans certaines villes de l’intérieur, je me suis fais des
relations amicales. Nous échangeons au bureau, en ville dans les loisirs, au
quartier en partageant un verre. J’ai compris ceci: entre l’idée que nous nous
faisons de ce grand pays et la réalité que nous vivons, il y a deux Cameroun
totalement différents. Entre l’aéroport de Douala ou Yaoundé et celui de
Maya-Maya à Brazzaville, entre les voies qui mènent dans les deux capitales,
c’est le jour et la nuit. Ce n’est pas à Brazzaville qu’on roulerait dans des
taxis brinquebalants, d’où on baisse les vitres pour jeter les déchets sur la
chaussée. À Brazzaville on aime la musique, mais pas au point d’écouter le
tintamarre à toute heure de la journée et dans toutes les rues… ». Je saisirais
la première opportunité pour demander mon retour à Brazzaville ! »
Il serait souhaitable que chacun se fasse son opinion
en réagissant au regard qu’un voisin pose à travers ce témoignage, sur les deux
principales villes du Cameroun. Elles sont en quelque sorte, un échantillon du
reste.
Par Xavier Messe