(BFI) – Dangote Industries ambitionne de faire de sa raffinerie de pétrole un levier pour stimuler la croissance industrielle au Nigeria. C’est ce qu’a fait savoir Abayomi Shittu, directeur régional des ventes pour le sud-est de la filiale Dangote Cement, lors d’une sortie médiatique, dimanche 6 avril.
L’entreprise a assuré que cette infrastructure, la plus grande d’Afrique avec ses 650 000 b/j de capacité, ne servira pas juste à produire du carburant. Le groupe compte l’utiliser pour encourager la création d’industries auxiliaires dans le transport, la logistique, les services techniques ou encore la distribution.
Cette orientation s’inscrit dans une stratégie plus large de promotion du contenu local, à un moment où le pays cherche à réduire sa dépendance aux importations de produits pétroliers. La raffinerie exporte des produits pétroliers vers d’autres pays africains, l’Europe et les États-Unis, même si ses dirigeants veulent en produire suffisamment pour répondre aussi à la demande intérieure.
Au-delà des enjeux liés à l’énergie, l’entreprise présente la raffinerie comme un catalyseur pour d’autres pans de l’économie. Le groupe dit investir dans la formation d’ingénieurs et de techniciens, espérant générer un effet d’entraînement sur l’emploi et l’innovation profitable pour les industries liées aux engrais, au ciment ou à la transformation agricole.
Il reste un obstacle majeur pour y parvenir, notamment une bataille juridique qui oppose le groupe aux autorités de régulation sur la poursuite des importations de carburant. Ceci, alors que le groupe a décidé de cesser de vendre sa production en naira, dans un contexte d’incertitude sur le renouvellement de l’accord « naira contre brut » avec la NNPC Ltd.
La question est de savoir si cette raffinerie réussira à déclencher réellement un cercle vertueux autour de l’industrialisation, dans un pays qui cherche encore à bâtir une économie moins exposée aux chocs extérieurs.
Dans ses projections sur l’économie du Nigeria en 2025, la Banque africaine de développement (BAD) a estimé que le pays est sur la voie d’une reprise avec une croissance attendue à 3,4 % contre 3,2 % en 2024. Mais cette prévision reste fragile.
D’après l’institution financière, la dynamique économique du pays dépend fortement du secteur pétrolier, de la stabilité intérieure et de l’évolution du naira. Elle estime également que la raffinerie de Dangote est une pièce importante du puzzle, à court terme.