(BFI) – Au premier semestre 2025, Dangote Cement a expédié 481 100 tonnes de clinker depuis le Nigeria vers ses filiales du Cameroun et du Ghana, selon son rapport d’activités. Si les volumes exacts destinés à chaque pays ne sont pas précisés, cet approvisionnement a permis d’assurer la continuité de la production sur ces deux marchés clés. En se fournissant auprès de sa maison-mère, Dangote Cement Cameroon se prémunit ainsi contre la volatilité des prix internationaux du clinker.
À Douala, l’usine de broyage de clinker du groupe, dotée d’une capacité annuelle de 1,5 million de tonnes, a écoulé 686 700 tonnes de ciment au cours des six premiers mois de l’année. Un résultat en léger recul de 3,3 % par rapport aux 710 000 tonnes vendues à la même période en 2024. Cette baisse modérée, précise le cimentier, s’explique par un ralentissement ponctuel de la demande.
Les perspectives demeurent néanmoins positives. Plusieurs chantiers structurants soutiennent la consommation : l’autoroute Douala–Yaoundé, la réhabilitation des routes et ponts à travers le pays, ainsi que de nombreux projets de développement régional. « Ces initiatives devraient maintenir une demande soutenue de ciment à moyen terme, malgré les incertitudes liées aux élections générales prévues en octobre », indique le rapport du groupe.
Un marché contrasté dans la zone franc
Dans la zone franc, les filiales de Dangote évoluent dans un contexte contrasté : certaines bénéficient de la relance des grands projets d’infrastructure, tandis que d’autres subissent encore des contraintes logistiques et la hausse des coûts de production. Au Congo, par exemple, la reprise des projets publics – construction d’une nouvelle raffinerie, de deux hôpitaux généraux, d’hôtels et réhabilitation des routes urbaines à Pointe-Noire et Brazzaville – n’a pas suffi à dynamiser les ventes. La filiale locale a vu ses volumes stagner à 445 700 tonnes, en raison de difficultés logistiques qui ont freiné les exportations.
Expansion en vue au Cameroun
Au Cameroun, Dangote Cement prévoit une forte montée en puissance avec la construction d’une deuxième usine, identique à la première. Bertrand Mbouck, directeur général de la filiale camerounaise, a confirmé dans une interview à Africa 24 que le projet avait reçu la validation officielle et que les travaux étaient désormais lancés. Ce projet, annoncé dès 2015 par Aliko Dangote, PDG du groupe, pour une durée initiale de 20 mois, entre ainsi dans sa phase concrète.
Parallèlement, le paysage cimentier camerounais s’apprête à connaître une véritable mutation. Trois nouvelles cimenteries détenues par des investisseurs chinois – Sinafcim (1 million de tonnes/an), Central Africa Cement (1,5 million de tonnes/an) et Yousheng Cement (1,8 million de tonnes/an) – entreront en production en juillet 2025 dans la région du Littoral. Ces unités viendront ajouter 4,3 millions de tonnes aux capacités nationales, qui passeront ainsi de 8,4 à 12,7 millions de tonnes par an.
Avec une demande locale estimée à 8 millions de tonnes, cette expansion devrait non seulement satisfaire le marché intérieur, mais aussi stimuler les exportations. Cependant, le prix du sac de ciment de 50 kg reste élevé, oscillant entre 5 100 et 5 300 FCFA, en raison du poids des coûts liés à l’importation du clinker, ingrédient clé de la production.